
La pintade, longtemps considérée comme une volaille noble au Cameroun, devient un produit de luxe inaccessible pour de nombreuses familles. Dans les marchés de Yaoundé, son prix frôle les 10 000 FCFA l’unité, un record. Les vendeurs déplorent une consommation en chute libre tandis que les éleveurs, eux, évoquent un élevage coûteux et méconnu. Entre pouvoir d’achat en berne et méfiance alimentaire, la volaille rare pose question. Faut-il s’inquiéter d’un déséquilibre durable sur le marché camerounais de la viande blanche ?
Une volaille noble qui s’efface des assiettes
« Les Camerounais n’en achètent plus. C’est devenu un aliment de prestige », explique Jeanne Atefack, vendeuse à Yaoundé.
Les marchés de Mokolo et Mvog-Ada constatent une baisse de près de 40 % des ventes sur un an, selon des estimations d’éleveurs.
En cause : un coût de production trop élevé et un manque d’information sur la valeur nutritionnelle de cette viande pourtant plus saine que le poulet.
Entre coût de production et méconnaissance
Le manque de vulgarisation freine l’élevage. Produire une pintade nécessite jusqu’à 6 000 FCFA avant revente.
Certains acteurs, comme l’Association des aviculteurs du Centre, plaident pour des formations rurales et des incubateurs subventionnés.
« Ce n’est pas une volaille impossible à élever, mais elle demande de la patience et des moyens », précise Madi Valdès, éleveur à Bafoussam.
La volaille rare au Cameroun est plus qu’un simple phénomène de marché : elle traduit un écart grandissant entre traditions alimentaires et réalités économiques.
Redonner sa place à la pintade, c’est aussi défendre un savoir-faire local en voie d’extinction.
Mais la question demeure : le Cameroun saura-t-il réconcilier goût, pouvoir d’achat et production locale ?