Plusieurs dizaines de morts ont été recensés dans le pays depuis le début des mobilisations post-électorales, selon le porte-parole du gouvernement, Emmanuel Sadi. Alors que les « villes mortes » ont paralysé Yaoundé, Douala, Bafoussam et Garoua pendant trois jours, le débat national reste tendu autour du rôle d’Issa Tchiroma Bakary, des arrestations et de la transparence électorale. « Nous ne sommes pas dans une logique de confrontation, mais d’apaisement », affirme le ministre, tout en reconnaissant « plusieurs centaines d’interpellations ». Que faut-il alors retenir, derrière les slogans, les rumeurs et l’émotion collective ?
Les manifestations et opérations « villes mortes » des derniers jours ont plongé le Cameroun dans une atmosphère lourde, chargée d’inquiétude et d’incompréhension. Pour la première fois depuis le scrutin présidentiel du 12 octobre, le gouvernement a présenté sa version des faits à travers le ministre de la Communication, Emmanuel Sadi, interrogé sur RFI.
Crise post-électorale : ce que dit le gouvernement
Selon le ministre, aucun mandat d’arrêt n’a été émis contre Issa Tchiroma Bakary, candidat revendiquant sa victoire sur la base de compilations indépendantes des procès-verbaux. Toutefois, précise-t-il, l’opposant est « susceptible d’interpellation » pour ce que Yaoundé décrit comme « incitation à l’insurrection ».
Concernant le bilan humain, le gouvernement reconnaît « plusieurs dizaines de morts », dont des éléments des forces de sécurité. Ce chiffre contraste avec les bilans largement plus élevés avancés par certaines ONG et organisations internationales.
Le porte-parole évoque également « plusieurs centaines » d’arrestations, contrairement aux « milliers » rapportés par certains médias étrangers. Parmi les personnes interpellées figurent manifestants, activistes, mais aussi de simples passants « en situation de vérification d’identité ».
Appel à l’apaisement et promesse de réformes
Le gouvernement affirme ne pas vouloir « gouverner par la force ». Emmanuel Sadi insiste :
« Nous ne sommes pas dans la seule logique de fermeté. La porte du dialogue reste ouverte. »
Par ailleurs, le ministre annonce que les prochaines élections locales devraient être organisées sous une forme améliorée de transparence, évoquant une possibilité de publication progressive des résultats par ELECAM, bureau de vote après bureau de vote — une revendication portée depuis plusieurs années par la société civile et l’opposition.
Dans les villes concernées par les « villes mortes », de Yaoundé à Bafoussam, les populations expriment à la fois fatigue, peur et attente. Beaucoup redoutent une escalade. D’autres y voient, au contraire, le signe d’un basculement historique.
Entre volonté d’apaisement et défis sécuritaires, le gouvernement tente de reprendre la main sur une situation volatile. Les jours à venir seront déterminants : vers une sortie de crise, ou vers une nouvelle phase de tension ?
Et vous, pensez-vous que le dialogue est encore possible dans ce climat ?

