CamerounOnline.ORG | Le ministère de la Justice des États-Unis a annoncé hier, le 24 avril 2025, qu’un grand jury fédéral à Baltimore a rendu un acte d’accusation inculpant Eric Tataw, également connu sous le nom de « the Garri Master », un ressortissant camerounais de 38 ans résidant à Gaithersburg, Maryland, de complot en vue de fournir un soutien matériel à des milices séparatistes armées au Cameroun et de menacer de violence des civils camerounais.
Selon des documents judiciaires, Tataw aurait levé des fonds pour fournir des AK-47 à des groupes séparatistes opérant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Ces groupes se battraient apparemment pour former un nouveau pays appelé « Ambazonie » et sont accusés d’attaquer non seulement l’armée camerounaise, mais aussi de cibler intentionnellement des civils pour forcer le gouvernement à autoriser la sécession. Ces combattants sont souvent appelés « Amba Boys ».
« L’accusé aurait ordonné des actes de violence horribles, y compris l’amputation de membres, contre des civils camerounais en soutien à un mouvement sécessionniste violent », a déclaré Matthew R. Galeotti, chef de la division criminelle du ministère de la Justice. « Cette inculpation représente l’engagement du ministère de la Justice à tenir responsables les auteurs de violations des droits de l’homme qui dirigent une violence politique brutale et collectent des fonds pour des milices armées depuis le confort des États-Unis. »
Sue J. Bai, chef de la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice, a ajouté : « Le ministère de la Justice ne tolérera pas ceux qui aident à assassiner, mutiler et kidnapper. Nous continuerons à tenir responsables ceux qui cherchent à faire du sol américain une base de départ pour la violence politique à l’étranger. »
La procureure américaine Kelly O. Hayes pour le district du Maryland a commenté : « Tataw et ses co-conspirateurs ont orchestré et soutenu financièrement un plan vicieux visant à renverser un gouvernement étranger. Ils ont eu recours à un niveau de violence impensable tout en instillant la peur chez des victimes innocentes pour faire avancer leur programme politique. »
L’acte d’accusation allègue que Tataw, membre de la diaspora camerounaise avec une importante présence sur les médias sociaux, a commencé à chercher à lever des fonds pour les Amba Boys en avril 2018 afin de financer des attaques violentes au Cameroun. Il est également accusé d’avoir appelé au meurtre, à l’enlèvement et à la mutilation de civils ainsi qu’à la destruction de biens publics, éducatifs et culturels. Tataw et ses co-conspirateurs auraient dirigé la mutilation de civils en leur sectionnant des membres, une pratique que Tataw aurait appelée « Garriing ». Il est accusé d’avoir utilisé des termes comme « small Garri » pour désigner l’amputation de doigts ou de petits appendices et « large Garri » pour l’amputation de grands membres ou le meurtre de personnes, et se serait lui-même désigné comme le « Garri Master ».
Tataw et ses présumés co-conspirateurs auraient ciblé des individus considérés comme collaborant avec le gouvernement, y compris des responsables municipaux, des chefs traditionnels et des employés de la Cameroon Development Corporation (CDC). L’acte d’accusation affirme que Tataw a personnellement écrit des centaines de publications sur les médias sociaux, notamment sur Facebook, YouTube et Twitter, prônant des attaques, cherchant des fonds et menaçant ceux qu’il considérait comme coopérant avec le gouvernement camerounais. Ces publications auraient été vues par des dizaines de milliers de personnes et diffusées davantage.
Tataw est inculpé d’un chef de complot visant à fournir un soutien matériel et de quatre chefs de communication interétatique d’une menace de nuire. S’il est reconnu coupable, il encourt une peine maximale de 15 ans de prison pour le chef de soutien matériel et de cinq ans de prison pour chaque chef de communication d’une menace de nuire. Un juge de district fédéral déterminera toute peine après avoir examiné les directives de détermination des peines des États-Unis et d’autres facteurs statutaires.
L’affaire fait l’objet d’une enquête menée par HSI et le Service de sécurité diplomatique du ministère d’État des États-Unis, avec l’assistance du FBI.
Il est important de rappeler qu’un acte d’accusation n’est qu’une allégation et que l’accusé est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée hors de tout doute raisonnable devant un tribunal.