Imaginez un pays qui, en l’espace d’une année, passe du statut de « pré carré » français à celui de champion de la souveraineté africaine. C’est l’histoire fascinante que vit actuellement le Niger, sous la houlette du général Abdourahamane Tiani et du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Un an jour pour jour après le renversement du président Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, le Niger dresse un bilan qui fait trembler les chancelleries occidentales et rêver plus d’un Africain.
La « révolution du mil » : Quand le Niger secoue le joug néocolonial
Comme un champ de mil qui se dresse fièrement sous le soleil sahélien, le Niger a entrepris de se libérer des liens qui l’entravaient. En un an, le pays a posé des actes d’une audace inouïe :
- Dénonciation des accords de défense avec la France
- Renvoi de l’ambassadeur français
- Suspension de RFI et France 24
- Retrait du G5 Sahel et de la CEDEAO
- Nationalisation de la société nationale des eaux
« C’est comme si le Niger avait mangé du piment et décidé de cracher du feu sur l’ordre néocolonial, » commente Amadou, un commerçant de Niamey. Cette métaphore épicée résume bien le sentiment de nombreux Nigériens qui voient dans ces actions l’expression d’une souveraineté longtemps bafouée.
Le « miracle de l’uranium » : Quand les ressources redeviennent nigériennes
Le général Tiani l’a martelé : « Toute société minière ou pétrolière (…) se verra retirer son permis » si elle viole les dispositions légales. Une déclaration qui sonne comme un coup de tonnerre dans le désert pour les multinationales habituées à dicter leur loi.
Mais le CNSP ne s’arrête pas là. Avec le lancement d’un programme d’irrigation ambitieux et la promesse d’une raffinerie de pétrole à Dosso, le Niger semble déterminé à transformer ses richesses naturelles en prospérité pour son peuple.
« Et si l’uranium nigérien brillait enfin pour les Nigériens ? » Cette question, autrefois taboue, est aujourd’hui sur toutes les lèvres.
La « danse du balai » : Le Niger diversifie ses partenariats
Fini le temps où le Niger ne regardait que vers Paris. Aujourd’hui, le pays danse une nouvelle chorégraphie diplomatique, multipliant les partenaires : Russie, Chine, Iran, Turquie… Un véritable « bal des prétendants » qui redessine la carte géopolitique de la région.
La création de la Confédération des États du Sahel avec le Mali et le Burkina Faso marque l’apothéose de cette nouvelle stratégie. « Aucun État, aucune organisation inter-étatique ne nous dictera la conduite à tenir, » a déclaré fièrement le général Tiani.
Le « réveil du lion » : Un patriotisme nigérien en pleine effervescence
Au-delà des actes politiques, c’est tout un peuple qui semble se réveiller. Le Mouvement M62, fer de lance de la société civile, ne tarit pas d’éloges sur le CNSP. « L’avènement du CNSP a suscité un grand espoir pour le peuple Nigérien qui perçoit cela comme un ange de libération, » déclare son coordinateur.
Ce sentiment patriotique grandissant pose une question cruciale : sommes-nous en train d’assister à la naissance d’une nouvelle ère pour le Niger et, par extension, pour l’Afrique ?
Les défis à venir : Le Niger sur la corde raide
Malgré l’euphorie, des questions persistent. Comment le Niger fera-t-il face aux défis sécuritaires sans le soutien occidental ? La rupture avec la CEDEAO n’isolera-t-elle pas économiquement le pays ? La nouvelle alliance sahélienne sera-t-elle viable sur le long terme ?
Ces interrogations rappellent que le chemin vers une souveraineté totale est semé d’embûches. Comme le dit un proverbe haoussa : « Même le plus long voyage commence par un premier pas. » Le Niger a fait ce pas, mais la route est encore longue.
Un an après, l’Afrique retient son souffle
L’expérience nigérienne agit comme un électrochoc pour tout le continent. Elle prouve que le changement est possible, même dans les situations les plus improbables.
Alors que le Niger célèbre ce premier anniversaire de sa « révolution« , une chose est sûre : rien ne sera plus jamais comme avant. Que l’on applaudisse ou que l’on s’inquiète, le Niger est devenu un laboratoire fascinant de ce que pourrait être une Afrique véritablement indépendante.
Par Aïcha Diallo, Analyste Géopolitique pour 237online.com
Aïcha Diallo est une experte reconnue en géopolitique africaine, avec plus de 15 ans d’expérience dans l’analyse des dynamiques sahéliennes. Ancienne conseillère au ministère des affaires étrangères du Sénégal, elle est aujourd’hui consultante indépendante et chroniqueuse pour plusieurs médias panafricains.
