Titres publics : avec plus de 63% d’émissions de BTA à fin juin 2025, le Cameroun confirme ses tensions de trésorerie


(Investir au Cameroun) – Entre juin 2024 et juin 2025, plus de 63% des émissions de titres publics effectuées par le Cameroun sur le marché des titres de la Banque des Etats de l’Afrique centrale – BEAC – ont porté sur les Bons du Trésor assimilables (BTA), selon le rapport de politique monétaire que vient de publier la banque centrale des pays de la Cemac (Cameroun, Congo Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA). 

Les BTA sont des titres publics de courts termes, dont les maturités oscillent entre 13 et 52 semaines. Ces valeurs du Trésor  sont généralement émises par les Etats sur le marché de la BEAC pour mobiliser des fonds leur permettant de résoudre les difficultés ponctuelles de trésorerie. Les BTA sont différents des obligations du Trésor assimilables (OTA), dont les maturités vont de 2 à 10 ans, et servent à lever des fonds pour financer des projets d’infrastructures.

La forte domination des BTA dans le portefeuille du Cameroun traduit les difficultés du pays à pouvoir satisfaire sur fonds propres des besoins ponctuels de trésorerie, afin de pouvoir honorer des engagements tels que le payement de dettes, des salaires ou encore des factures en instance au Trésor public, etc. Le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2026-2028, élaboré par le ministère des Finances en prélude au Débat d’orientation budgétaire (DOB) à l’Assemblée nationale en juillet 2025, accrédite d’ailleurs cette thèse.

La zone Cemac sous l’emprise des BTA

En effet, selon ce document officiel, 60% des financements mobilisés par le Trésor public camerounais sur le marché des titres de la BEAC entre janvier et mars 2025 ont servi au remboursement d’anciens emprunts arrivés à échéance sur ce même marché. En considérant que seulement 10,6 milliards de FCFA ont été mobilisés sur ce marché au cours de la période par émissions d’OTA, l’on comprend que 40% des 271,6 milliards de FCFA levés par émissions de BTA ont servi à satisfaire d’autres besoins ponctuels de trésorerie de l’Etat du Cameroun.

Au demeurant, le recours prononcé aux émissions de BTA sur le marché de la BEAC n’est pas l’apanage du Trésor camerounais. Cette tendance est quasi générale dans la zone Cemac, où les valeurs de courts termes sont régulièrement émises sur le marché pour lever des fonds servant à la gestion quotidienne de la trésorerie des Etats. « Entre juin 2024 et juin 2025, 431 appels d’offres sur les bons et les obligations du Trésor assimilables ont permis de mobiliser un montant total de 5 127,8 milliards, soit 3 192,4 milliards en bons du Trésor assimilables (BTA) – plus de 60% de l’enveloppe globale – et 1 935,3 milliards en obligations du Trésor assimilables (OTA) », révèle le dernier rapport de politique monétaire de la BEAC.

Augmentation des taux d’intérêts

Et le document de préciser : « sur le segment BTA, les bons à 26 semaines sont restés les plus prisés, avec un montant total émis de 1 493,9 milliards, représentant 46,8% du total des émissions de BTA sur la période. Cette maturité a également été la plus sollicitée au cours de la période de référence pour l’essentiel des émissions de BTA de certains Trésors publics, en l’occurrence celui du Tchad (80,9%), du Cameroun (63,1%) et du Gabon (59,2%).  Les BTA à 52 semaines arrivent en deuxième position, avec un montant émis de 954,4 milliards. Les bons à 52 semaines sont principalement émis par les Trésors publics du Congo (343,3 milliards), du Cameroun (285,9 milliards), de la Guinée équatoriale (190,8milliards) et du Gabon (104,9 milliards). Les BTA à 13 semaines sont les moins courus, avec un montant global de 744,0 milliards, émis essentiellement par les Trésors publics du Congo (514,9 milliards), du Cameroun (150,9 milliards) et du Gabon (78,2 milliards)».

L’intérêt des trésors nationaux de la Cemac pour les BTA n’a pas été sans conséquence sur les coûts des opérations. « Sur la période sous revue, on note une hausse du coût moyen des émissions pour tous les instruments. Le taux moyen pondéré des BTA s’est élevé à 6,90%, contre 6,50% entre juin  2023 et juin 2024», indique la banque centrale. Au Cameroun, pays qui avait jusqu’ici la réputation de maîtriser le mieux les taux d’intérêts sur le marché des titres de la BEAC, la flambée des coûts des emprunts est encore plus importante.

Selon la note de conjoncture de la Caisse autonome d’amortissement (CAA) sur la dette publique du Cameroun à fin juin 2025, les taux d’intérêts sur les BTA émis par le Trésor camerounais ont cru de 11,6% en glissement annuel. Cet accroissement des coûts sur les émissions des valeurs de courts termes sur le marché de la BEAC est tel que, révèle l’organisme en charge de la gestion de la dette publique au Cameroun, « des réflexions sont en cours pour mitiger le risque de refinancement sous-jacent, en lien avec les tensions sur la capacité du marché domestique ». En d’autres termes, face à la flambée des taux d’intérêts des emprunts, le Cameroun recherche des sources alternatives de financement en dehors du marché domestique des capitaux.

Brice R. Mbodiam

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