(Investir au Cameroun) – Le 6 août 2024, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a officiellement lancé le projet F-Cybersecurity Cameroun à Yaoundé. Cette initiative de « La Tutelle », l’association des femmes de son ministère, vise à sensibiliser et anciennement les femmes des administrations publiques et du secteur privé sur les enjeux de la cybersécurité et à les engager activement dans la transformation numérique du pays. Le projet s’inscrit dans un cadre plus vaste de promotion de l’inclusion numérique des femmes.
Selon Rolande Pende, présidente de ladite association et chef de service au ministère des Postes et Télécommunications, l’objectif est de préparer un plus grand nombre de femmes à utiliser les technologies numériques et Internet de manière responsable. « Bien que les chiffres indiquant que les femmes ont moins accès aux équipements numériques, nous savons qu’elles sont de grandes utilisatrices d’Internet. Même si les technologies peuvent être extrêmement bénéfiques, une utilisation incorrecte peut les transformer en menaces. Le projet vise donc à sensibiliser sur les bonnes pratiques en ligne et à prévenir les cyberattaques qui peuvent affecter n’importe qui », a-t-elle précisé.
Le projet a débuté avec un séminaire de sensibilisation destiné aux femmes du secteur public sur les questions de cybersécurité au Cameroun. Il se poursuivra avec des séances similaires pour le secteur privé. Cette rencontre a mis l’accent sur la formation à l’utilisation responsable des technologies numériques et des bonnes pratiques en ligne. Il a également abordé la lutte contre les fakes news et les discours de haine en ligne, visant à faire des participants des points focaux dans leurs administrations et communautés respectives. Le thème de la rencontre, « La femme, actrice de premier plan pour la promotion de la cybersécurité et promotrice de l’utilisation responsable des réseaux sociaux », reflète la volonté de faire des femmes des acteurs clés dans la lutte contre la cybercriminalité.
Le ministre des Postes et Télécommunications a souligné que cette initiative s’inscrit dans le cadre de « la construction » de la coalition nationale visée par la campagne pour la promotion de la culture de la cybersécurité et l’utilisation responsable des réseaux sociaux, lancée le 12 août 2020. Cette campagne vise en effet à mobiliser toutes les couches sociétales (administrations, entreprises, opérateurs, société civile, élèves et étudiants, populations locales…) afin de bâtir une « coalition nationale » pour un usage responsable des réseaux sociaux. Ce, alors que les arnaques électroniques et l’usurpation d’identité sur Internet se multiplient dans le pays. « Les femmes, en tant qu’éducatrices des familles, sont au cœur de cette transformation. Le Cameroun, qui aspire à l’émergence en 2035 et à une réussite dans la transformation numérique, ne peut atteindre ses objectifs sans l’implication des femmes », a affirmé Minette Libom Li Likeng à la presse.
En 2021, l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic) a annoncé avoir détecté 27 052 vulnérabilités dans les systèmes de sécurité informatique des structures publiques et privées au Cameroun. Ces failles ont entraîné des pertes financières de 12,2 milliards de FCFA, dont 6 milliards de FCFA dus uniquement au phishing et au scamming. Ces chiffres soulignent l’urgence de renforcer les compétences en cybersécurité, en particulier chez les femmes, pour protéger les données et les systèmes contre les cybermenaces croissantes. « Les TIC ne sont pas seulement la pierre angulaire de l’économie numérique mais aussi, et surtout, des outils d’avancement socio-économique et de croissance personnelle. Si les femmes ne peuvent pas accéder à Internet et ne se sentent pas en sécurité en ligne, elles ne pourront pas s’engager dans les espaces numériques, limitant ainsi leur contribution à l’émergence du Cameroun », a déclaré la ministre dans son allocution de circonstance. Elle a également affirmé que le défi du gouvernement est de construire une « société numérique florissante » et résistante aux cybermenaces, tout en garantissant un accès équitable au numérique pour tous, notamment les femmes et les jeunes.
Patricia Ngo Ngouem
