Le terrorisme dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun connaît un tournant décisif. Une vingtaine de leaders séparatistes ont déjà été arrêtés ou condamnés suite aux procédures judiciaires engagées à l’étranger contre les financiers d’actes terroristes, marquant une évolution significative dans ce conflit qui dure depuis plusieurs années. Un signe encourageant que la stratégie de lutte contre les groupes armés commence à porter ses fruits, même si le retour à la normalité n’est pas encore total.
Sécurité NOSO: l’étau juridique se resserre enfin
La situation sécuritaire dans les deux régions anglophones montre des signes d’amélioration tangibles. Selon Lucien Bodo, expert en questions sécuritaires, «les procédures judiciaires engagées contre ces financiers aux États-Unis, en Norvège et au Canada, entre autres, sont la preuve que leurs crimes ne resteront pas impunis».
Entre 2019 et 2025, les informations obtenues du cabinet Nsahlai Law Firm, spécialisé dans la poursuite des séparatistes, ont permis d’identifier une vingtaine de personnes déjà arrêtées ou condamnées. La dernière arrestation majeure est celle du nommé Eric Tataw, récemment appréhendé pour son implication dans divers crimes dont les mutilations, les enlèvements et le financement d’actes terroristes.
Cette évolution positive résulte de l’action combinée des forces de défense et de sécurité, des opérations de reconstruction et de développement engagées par le gouvernement sur instructions du président de la République, mais également de la traque judiciaire des principaux instigateurs de cette situation désastreuse.
Les statistiques récentes montrent une réduction significative des attaques spectaculaires qui caractérisaient auparavant le conflit: moins d’exécutions filmées, moins d’incendies de domiciles et de services publics, et une reprise des chantiers routiers précédemment abandonnés pour cause d’insécurité.
L’activité économique connaît également un regain, avec la réouverture des marchés et la relance des agro-industries, même si le niveau d’avant-guerre n’est pas encore atteint. Les centres de désarmement, de démobilisation et de réintégration continuent d’accueillir des combattants qui déposent volontairement les armes.
Plusieurs comptes bancaires liés aux séparatistes ont été gelés et des sites internet servant à la propagande sécessionniste ont été bloqués. Diverses plaintes déposées auprès de juridictions internationales ont donné lieu à des enquêtes pour identifier et arrêter les personnes impliquées dans le financement et l’organisation d’actes terroristes.
Malgré ces avancées significatives, des poches de résistance persistent dans certaines localités reculées. La question demeure: comment accélérer ce processus de retour à la paix pour permettre une reconstruction durable de ces deux régions stratégiques du Cameroun?