(Investir au Cameroun) – Le gouvernement camerounais tire la sonnette d’alarme face à un décalage croissant entre la progression rapide du trafic mobile et la stagnation des investissements des opérateurs télécoms, qui met en péril la qualité du réseau national.
D’après la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, s’appuyant sur les conclusions de l’Agence de régulation des télécommunications et d’experts indépendants, « la performance des opérateurs de téléphonie mobile est essentiellement compromise par des problématiques endogènes liées aux investissements insuffisants ». Ce diagnostic a été présenté au conseil de cabinet le 31 juillet 2025.
La ministre souligne que les investissements des opérateurs sont « en inadéquation avec la croissance du trafic », aggravée par une « maintenance approximative des équipements » et une « mise à jour insuffisante des infrastructures ». Ces insuffisances se traduisent par une qualité de service dégradée : continuité de service erratique, couverture incomplète et inégale du territoire, congestions récurrentes, et débits fluctuants liés à une saturation progressive d’infrastructures vieillissantes.
Parmi les autres critiques formulées figure la « non-mutualisation des infrastructures », un facteur qui complexifie la gestion des équipements et freine l’optimisation des ressources techniques.
Face à ces défaillances, l’Agence de régulation a infligé le 2 juillet dernier des amendes totalisant 2,6 milliards FCFA à Orange Cameroun et MTN Cameroon. Ces sanctions visent notamment les taux de couverture inférieurs aux seuils réglementaires, ainsi que des manquements aux règles tarifaires, tels que le dysfonctionnement des codes de désinscription aux services à valeur ajoutée.
Pour leur part, les opérateurs rappellent leurs efforts d’investissement. Orange Cameroun affirme avoir injecté environ 1 500 milliards FCFA en 25 ans au Cameroun, tandis que MTN Cameroon indique avoir versé 155 milliards FCFA à l’État en 2024 et prévoit 62 milliards FCFA d’investissements pour 2025.
Néanmoins, ces montants, bien que considérables, semblent insuffisants pour accompagner une demande en forte croissance et garantir une amélioration durable de la qualité du réseau au bénéfice des millions d’abonnés camerounais.
Ludovic Amara
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