(Investir au Cameroun) – Le secteur camerounais des télécommunications a fortement accru ses investissements en 2024. Selon l’Observatoire du marché des communications électroniques publié par l’Agence de régulation des télécommunications (ART), le montant global des investissements déclarés par l’ensemble des acteurs atteint 194,49 milliards FCFA (soit environ 194,4 milliards FCFA en arrondi), en hausse de 35,49 % par rapport aux quelque 143,5 milliards FCFA enregistrés en 2023. En valeur absolue, ce sont près de 50,9 milliards FCFA d’investissements additionnels qui ont été injectés dans le secteur en un an.
Cette dynamique traduit un effort soutenu de modernisation des réseaux et des infrastructures. Mais derrière cette progression globale, la répartition des investissements révèle des contrastes marqués entre les différents segments de marché.
Une hausse concentrée sur les opérateurs concessionnaires
La hausse globale masque un déséquilibre profond dans la structure des investissements. Les opérateurs concessionnaires – MTN Cameroon, Orange Cameroun et Camtel – concentrent à eux seuls plus de 91 % des montants investis dans le secteur, avec une progression de leurs investissements de plus de 41 % en un an. Le développement des réseaux mobiles et des infrastructures associées demeure ainsi le principal moteur des dépenses.
À l’inverse, les autres segments du marché sont en net recul. Les opérateurs titulaires de licences de 1ère catégorie (hors fournisseurs d’infrastructures passives) voient leurs investissements chuter de 55,87 %. Le rapport de l’ART souligne : « Le déséquilibre entre les segments pourrait traduire une dépendance accrue aux infrastructures mobiles, au détriment de la diversité des services numériques. Il serait indiqué de mener des études sur les leviers économiques, réglementaires et stratégiques pouvant stimuler l’investissement dans les segments moins dynamiques du secteur des télécommunications notamment les fournisseurs d’accès à Internet, les exploitants d’infrastructures passives et les titulaires de récépissés de déclaration préalable ».
Cette concentration des flux financiers sur les acteurs historiques de la téléphonie mobile interroge la capacité du marché à diversifier l’offre de services numériques et à soutenir l’émergence de nouveaux modèles.
Qualité de service : des investissements sous pression réglementaire
Malgré ce niveau élevé d’investissements, la qualité du réseau demeure au centre de vives critiques. Le 2 juillet 2025, l’ART a infligé de nouvelles amendes d’un montant total de 2,6 milliards FCFA à MTN et Orange Cameroun pour manquements persistants à leurs obligations de qualité de service. Le régulateur reproche notamment à ces opérateurs des taux de couverture du réseau jugés inférieurs aux seuils réglementaires.
L’ART pointe également des manquements liés aux pratiques tarifaires, en particulier le dysfonctionnement des codes de désinscription aux services à valeur ajoutée. Cette pratique alimente ce que les usagers qualifient communément de « vol de crédits de communications » : les crédits de communication sont parfois débités pour des services auxquels les abonnés n’ont pas effectivement souscrit.
Ces sanctions illustrent la tension croissante entre, d’un côté, l’intensification des investissements et, de l’autre, les attentes des consommateurs et du régulateur en matière de qualité de service, de transparence tarifaire et de protection des usagers.
Amina Malloum
Lire aussi:



