Les soins ophtalmologiques au Cameroun font face à des défis majeurs malgré les apparences trompeuses. Le Magrabi Cameroon Eye Institute (MCEI) à Oback, dans le département de la Lékié, présenté comme un « centre d’excellence sous-régional », souffre en réalité de nombreuses insuffisances structurelles. Une analyse comparative avec des établissements similaires en Afrique de l’Est ou du Nord révèle un écart préoccupant en termes d’équipements, de formation du personnel et de capacité de prise en charge. Cette situation questionne les déclarations triomphalistes entendues lors de la récente visite d’Amin El-Maghraby.
Standards médicaux camerounais : la réalité derrière le mirage de Magrabi
« Ce centre est loin d’atteindre les standards internationaux malgré les discours officiels », confie sous couvert d’anonymat un ophtalmologue formé à l’étranger qui a visité plusieurs structures similaires en Afrique. Inauguré en mai 2017 avec de grandes promesses, le MCEI peine toujours à offrir une gamme complète de soins spécialisés, particulièrement pour les pathologies oculaires complexes nécessitant des technologies de pointe.
L’affirmation selon laquelle « plus de 450 000 consultations » et « 30 000 patients » auraient été pris en charge reste invérifiable en l’absence d’un système transparent de monitoring des activités. Ces chiffres, souvent répétés lors des visites officielles, contrastent avec la réalité observable : des délais d’attente considérables, un plateau technique incomplet et des difficultés d’accès pour les populations rurales.
Une comparaison objective avec les centres d’excellence du Kenya, d’Égypte ou d’Afrique du Sud place le MCEI très loin derrière. Par exemple, alors que le Moorfields Eye Hospital de Dubaï dispose d’équipements de dernière génération pour la chirurgie vitréo-rétinienne, le centre d’Oback utilise encore des technologies obsolètes pour certaines interventions cruciales.
La formation continue du personnel médical constitue un autre point faible majeur. Contrairement aux centres de référence internationaux qui organisent régulièrement des sessions de mise à niveau avec des experts mondiaux, le MCEI fonctionne souvent en vase clos, limitant ainsi le transfert de compétences et l’adoption des protocoles thérapeutiques les plus récents.
Pendant la visite d’Amin El-Maghraby, président du Conseil d’administration d’Africa Eye Foundation, aucune mention n’a été faite des difficultés financières qui entravent l’acquisition d’équipements modernes. La distribution de médailles à certains personnels méritants ne peut masquer les besoins urgents en matière d’investissements structurels.
Pour véritablement mériter son statut de centre sous-régional d’excellence, le MCEI devrait s’inspirer davantage des standards internationaux, améliorer significativement son plateau technique et intensifier la formation de ses praticiens aux techniques les plus avancées en ophtalmologie.