Plus de 60 % des Camerounais ont moins de 25 ans, mais beaucoup se disent exclus des décisions qui engagent leur avenir. Lors de sa prestation de serment le 6 novembre 2025, le président Paul Biya a annoncé que son nouveau mandat placerait « les jeunes et les femmes au cœur de l’action gouvernementale ». Une déclaration présentée comme un tournant après des années de frustrations sociales et économiques. « On n’attend plus les discours, on veut du concret », souffle Mireille, jeune diplômée rencontrée à Yaoundé.
La question est simple : ce septennat sera-t-il celui du changement ou celui des promesses déjà entendues ?
Jeunesse Cameroun : priorité déclarée, attentes immenses
Face à une population jeune, instruite mais confrontée au chômage, le président a évoqué plusieurs pistes :
- Relance des concours et recrutements dans les universités et administrations,
- Réhabilitation des établissements scolaires et universitaires, notamment en zones rurales,
- Création de nouveaux dispositifs de financement pour les jeunes entrepreneurs,
- Soutien renforcé à l’emploi féminin et à l’autonomisation économique.
Dans son discours, Paul Biya a insisté :
« La situation des jeunes et des femmes sera au cœur de mon action tout au long de ce septennat. »
À 92 ans, ce repositionnement est perçu par certains comme un geste d’écoute face aux contestions post-électorales ayant secoué plusieurs villes en octobre 2025.
Des annonces concrètes… mais encore floues
Le gouvernement évoque notamment :
- la reprise des études doctorales interrompues,
- la construction de résidences universitaires,
- la création d’écoles professionnelles spécialisées adaptées au marché local.
Ces mesures visent, selon l’exécutif, à « ouvrir des opportunités réelles » plutôt que de simples programmes théoriques.
Cependant, dans les quartiers populaires, la prudence domine.
À Bafoussam, Jonas, jeune mécanicien, résume :
« On a déjà trop entendu les grandes promesses. Si ça ne se transforme pas en travail, ça reste le vent. »
Enjeux : transformer la promesse en réalité
Ces engagements interviennent dans :
- un contexte de forte pression sociale,
- une exigence de résultats immédiats,
- et une volonté affichée de restaurer le contrat de confiance entre l’État et la jeunesse.
La réussite de ce projet dépendra :
- de la rapidité de mise en œuvre,
- de la transparence dans l’attribution des financements,
- et de la capacité du gouvernement à associer les jeunes eux-mêmes aux décisions.
Ce septennat se veut celui des « Grandes espérances » pour la jeunesse et les femmes.
Mais tout se jouera sur la crédibilité de l’action, pas sur le discours.



