(Investir au Cameroun) – Samuel Maimbo cache mal sa passion pour le football, la finance et l’Afrique. C’est justement parce que ce banquier zambien de 52 ans croit dur comme fer au développement de son continent qu’il s’est lancé dans la course pour le poste très convoité de président de la Banque africaine de développement (BAD). « L’Afrique n’atteindra pas le statut de revenu intermédiaire ou une croissance durable sans la BAD », pense Samuel Maimbo.
Depuis le début de cette année, cet universitaire, cadre à la Banque mondiale, mène une discrète campagne de terrain pour maximiser ses chances de succès. Il s’est promis de rencontrer l’ensemble des 81 actionnaires de la BAD avant l’élection prévue le 29 mai prochain. En fin de semaine dernière, il était au Cameroun après avoir séjourné au Maroc, au Sénégal et au Togo. À Yaoundé, Samuel Maimbo a été reçu au ministère des Relations extérieures (Minrex) et s’est entretenu avec le Premier ministre Joseph Dion Ngute.
En quittant Yaoundé, Samuel Maimbo ne cache pas qu’il compte sur la voix du Cameroun pour l’emporter. Officiellement, le Cameroun ne s’est pas encore prononcé en faveur de l’un des cinq candidats en lice. Des confidences de couloir laissent entendre que le Tchadien Mahamat Abbas Tolli a la préférence du palais d’Etoudi, ainsi que des autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), à l’exception du Gabon. Cela n’entame en rien l’enthousiasme de Samuel Maimbo. « Je crois honnêtement que les gouvernements doivent choisir quelqu’un dont nous pouvons tous être fiers », a expliqué le candidat zambien à la presse camerounaise lors d’une conférence de presse.
Tout laisse croire que l’équipe de campagne de Samuel Maimbo anticipe qu’il sera impossible pour les blocs des sous-régions du continent de s’entendre sur un seul candidat. Leur poulain en a déjà fait l’expérience. Un temps adoubé par les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Southern African Development Community, SADC), cette union sacrée s’est vite brisée lorsque l’Afrique du Sud a décidé de soutenir Bajabulile Swazi Tshabalala.
Samuel Maimbo est convaincu que la course à la présidence de la BAD ne doit pas être perçue comme une élection cloisonnée. « Je ne peux pas parler de l’Afrique si je me concentre uniquement sur un endroit géographique du continent. Ce n’est pas ce qui va se passer. C’est pourquoi je vais continuer de voyager de long en large sur le continent », explique-t-il. Plutôt qu’un repli sur les sous-régions, il prône « une bataille d’idées », comme il l’a confié au magazine panafricain Jeune Afrique.
Il ne rate justement pas l’occasion de proposer ses idées à chacune de ses escales. À la BAD, il veut mettre en place un véritable plan Marshall pour une transformation durable de l’Afrique. « Ma vision pour la banque a moins à voir avec les annonces et les conférences de presse. Il est question de retrousser nos manches, de nous concentrer sur les délais et de faire avancer les choses », rappelle le Zambien dans un document qui fait office de profession de foi. S’il est élu à la BAD, Samuel Maimbo promet que son seul objectif sera de « livrer les résultats ».
Sur sa liste de priorités, le premier résultat attendu est le retour de la croissance. « L’Afrique a besoin d’un taux de croissance significativement plus élevé pour surmonter les défis de développement d’aujourd’hui et saisir les opportunités de demain », confie Samuel Maimbo.
Il ne doute pas un seul instant d’avoir le profil nécessaire pour stimuler cette croissance. Depuis 23 ans, il est l’un des maillons forts des missions stratégiques de haut niveau à la Banque mondiale, comme le rappelle son équipe de campagne. Actuellement, il occupe le poste de vice-président chargé du budget, de l’évaluation des performances et de la planification stratégique à la Banque mondiale. À ce titre, il est l’un des principaux artisans de la réforme de cette institution bancaire internationale, lancée par l’Américain Ajay Banga, l’actuel président de la Banque mondiale.
Le parcours de Samuel Maimbo dans l’univers de la finance mondiale débute à l’université de Copperbelt, dans son pays, où il suit des études de comptabilité. Une fois sa licence en poche, il s’envole pour l’Angleterre. Il obtient d’abord un MBA en finance à l’université de Nottingham, puis un doctorat en banque à l’université de Manchester.
Sur le plan professionnel, il commence sa carrière chez PricewaterhouseCoopers avant d’intégrer la Banque centrale zambienne en tant qu’inspecteur bancaire. Ce n’est qu’ensuite qu’il rejoint la Banque mondiale.
Michel Ange Nga
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