(Investir au Cameroun) – Les importations informelles du Cameroun en provenance du Gabon sont restées globalement stables au cours des trois dernières années, oscillant entre 2,2 et 2,4 milliards FCFA sur la période 2022-2024, selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (INS).
Derrière cette stabilité apparente, le rapport de l’INS met en lumière une recomposition notable de la structure des échanges. Trois catégories de produits concentrent désormais l’essentiel du commerce informel transfrontalier : le riz décortiqué, les viandes et abats comestibles, ainsi que les carburants et lubrifiants. À eux seuls, ces produits ont représenté près de 80 % des importations informelles en 2024, confirmant leur poids stratégique dans les circuits d’approvisionnement.
Répartition des principales importations informelles du Cameroun depuis le Gabon (2024)
Produit | Part estimée (%) | Observations |
Riz décortiqué | 33,5 % | Produit de base très demandé dans les zones frontalières |
Viandes et abats comestibles | 28,1 % | Source alternative à l’approvisionnement local |
Carburants et lubrifiants | 16,5 % | Alimentation des circuits informels de distribution |
Poissons frais ou réfrigérés | 8,9 % | Complète la consommation locale |
Pâtes alimentaires | 5,2 % | Produits transformés à bas prix |
Oignons et autres alliacés | 1,5 % | Flux saisonniers liés aux marchés de détail |
Total | 100 % | — |
Ces marchandises transitent principalement par les zones frontalières du Sud Cameroun, où elles trouvent rapidement preneur auprès des ménages et commerçants locaux. Le Gabon offre, sur plusieurs segments de produits courants, des denrées plus accessibles et meilleur marché que celles du marché camerounais, favorisant un commerce informel difficile à contenir malgré la présence des services douaniers.
Au-delà des chiffres, cette dynamique illustre la forte interdépendance économique entre les populations frontalières des deux pays. Si le commerce informel demeure un vecteur vital d’approvisionnement pour les communautés rurales, il souligne également la nécessité d’une meilleure coordination douanière et économique bilatérale, afin de canaliser ces flux dans des circuits formels et d’en optimiser la valeur ajoutée pour les deux économies.
Amina Malloum