(Investir au Cameroun) – Une mission conjointe du ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded) et de la Société nationale des mines (Sonamines) est actuellement déployée dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua.
Son objectif est double : vérifier la conformité des sociétés d’exploitation artisanale semi-mécanisée et évaluer la mise en œuvre des plans de restauration et de réhabilitation des sites miniers. La mission entend également dresser un état des lieux sur la prise en compte des exigences environnementales et sociales dans ces exploitations.
Selon les informations recueillies par Investir au Cameroun, cette initiative s’inscrit dans le cadre du renforcement de la gouvernance minière, à la suite de constats relatifs à l’octroi d’autorisations d’exploitation sans instruction préalable par la Commission interministérielle d’examen des titres miniers, pourtant prévue par l’arrêté n°091/PM du 25 juin 2025. « Le ministre des Mines a accordé une trentaine d’autorisations dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua depuis juillet 2025 sans que ces demandes aient été examinées par la Commission compétente », indique une source à la Sonamines.
Sur le terrain, les équipes mixtes vérifient les études d’impact environnemental et social, les plans de restauration et de fermeture des sites, ainsi que les reçus de la caution environnementale fixée à trois millions de FCFA par hectare.
Au total, 140 compagnies sont concernées dans les arrondissements de Ketté, Batouri, Ndélélé, Yokadouma, Ndélé, Bétaré-Oya, Ngoura, Garoua-Boulaï, Meïganga et Colomine. D’après les termes de référence de la mission, il s’agit de s’assurer que chaque opérateur respecte ses obligations légales et que les zones exploitées disposent d’un plan crédible de réhabilitation.
Les conclusions de cette évaluation donneront lieu à un rapport détaillé sur la conformité des entreprises et proposeront des mesures correctives au gouvernement. « La liste des sociétés visitées sera établie à partir du croisement entre celles connues de la Sonamines, parce qu’assujetties à l’ISML, et celles ayant obtenu une autorisation d’exploitation artisanale semi-mécanisée », précise un cadre de la société publique.
Ce contrôle s’appuie sur le cadre réglementaire actualisé par le décret n°2024/5062/PM du 18 novembre 2024, qui fixe les modalités d’exercice des opérations minières. Le texte réserve ces autorisations aux sociétés de droit camerounais, dont au moins 51 % du capital sont détenus par des nationaux. L’article 35 impose en outre plusieurs prérequis : un certificat de conformité environnementale et sociale, un plan approuvé de restauration et la preuve du versement d’une caution de remise en état.
Cette mission survient dans un contexte d’inquiétude croissante face aux impacts humains et écologiques de l’exploitation aurifère artisanale. Selon l’organisation Forêts et Développement rural (FODER), 207 décès ont été recensés entre 2014 et 2024 sur les sites d’exploitation artisanale et semi-mécanisée de l’Est, dont près de 29 % à Batouri. Ces drames, souvent liés à des noyades ou à des éboulements, résultent de trous laissés béants après les opérations minières.
En septembre 2021, FODER a recensé 703 trous sur les sites aurifères, dont 139 lacs artificiels couvrant 93,66 hectares. Ces zones, fréquemment contaminées par des hydrocarbures et huiles usées, contribuent à la dégradation des sols et des cours d’eau. L’ONG relève par ailleurs une expansion de plus de 5 000 % des zones minières depuis 2010, accompagnée de la destruction de milliers d’hectares de forêts et de terres agricoles.
Amina Malloum
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