La Guinée équatoriale a expulsé manu militari 231 ressortissants camerounais le 21 avril 2025 sans notification aux autorités camerounaises. Cette expulsion brutale, incluant 28 femmes et 203 hommes établis depuis plus de 10 ans dans les districts de Micomeseng et d’Ebebiyín, a provoqué l’indignation du gouvernement camerounais qui dénonce un « manque d’élégance diplomatique ». Le ministre Lejeune Mbella Mbella a convoqué d’urgence l’ambassadeur équato-guinéen pour protester contre cette violation flagrante des accords de libre circulation de la CEEAC.
Tension diplomatique autour d’une expulsion controversée
L’opération s’est déroulée à la frontière de Kye-Ossi dans le Sud-Cameroun, faisant suite à une altercation entre commerçants camerounais et équato-guinéens. Les expulsés, majoritairement des résidents de longue date avec chefs d’entreprise, employés et familles intégrées, démentent toute activité criminelle.
Selon plusieurs témoignages, les autorités locales auraient confisqué téléphones portables et cartes bancaires, privant les victimes de leurs moyens de communication et de subsistance. Certains évoquent une détention de près de 10 jours à huis clos avec des sévices physiques, contraints d’abandonner familles et biens matériels.
«Sur très hautes instructions du président Biya», le ministre Mbella Mbella a exprimé «l’indignation et la forte désapprobation» de Yaoundé, dénonçant une violation manifeste des conventions communautaires. En réponse, l’ambassadeur équato-guinéen Armando Kote Echuaca a exprimé ses regrets pour cet épisode «malencontreux».
Ce n’est pas la première fois que ces tensions éclatent. En 2004 et 2007, des vagues similaires avaient suscité des crises diplomatiques. En 2017, une tentative de coup d’État lancée depuis la frontière camerounaise avait intensifié la méfiance équato-guinéenne, conduisant à la construction d’un mur frontalier en 2019.
Malgré un accord bilatéral signé en juillet 2020 sur la coopération transfrontalière, ces incidents se répètent, illustrant une relation tendue entre les deux voisins d’Afrique centrale.
Comment le dialogue diplomatique peut-il enfin mettre fin à ces expulsions récurrentes qui fragilisent les relations bilatérales?