Le PRONEC-REAMORCE au Cameroun entre dans une phase décisive d’implémentation ! Le 14 mai 2025, un symposium national d’envergure s’est ouvert au Palais des Congrès de Yaoundé, réunissant les plus hautes autorités traditionnelles et religieuses du pays. Cette initiative du Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC), placée sous le thème « Armée et Nation unies pour un Cameroun tourné vers la paix et la prospérité », marque un tournant dans la stratégie gouvernementale d’éducation civique. Quels mécanismes concrets sont mis en place pour transformer cette jeunesse en véritable moteur de développement national ?
Éducation civique Cameroun : le MINJEC innove avec un partenariat inédit entre État, autorités traditionnelles et religieuses
L’heure est à la mobilisation générale pour le réarmement moral de la jeunesse camerounaise. Dans une ambiance empreinte de patriotisme au Palais des Congrès de Yaoundé, ce 14 mai 2025, le Ministre Mounouna Foutsou, en tenue d’apparat, a présidé l’ouverture solennelle du Symposium National sur l’implication des leaders religieux et chefs traditionnels dans la mise en œuvre du Programme National d’Éducation Civique par le Réarmement Moral, Civique et Entrepreneurial (PRONEC-REAMORCE).
Cette rencontre d’envergure nationale, qui se poursuivra jusqu’au 15 mai, s’inscrit dans le cadre des festivités de la 53e édition de la fête de l’Unité nationale, dont le thème cette année est « Armée et Nation unies pour un Cameroun tourné vers la paix et la prospérité ». Elle fait suite au Symposium Régional tenu à Ngaoundéré le 10 mai dernier et sert de lancement à plusieurs autres rencontres locales prévues sur l’ensemble du territoire.
Le symposium a rassemblé un panel impressionnant de participants : chefs traditionnels, responsables des confessions religieuses, personnel du MINJEC, représentants d’organisations de la société civile et d’ONG, ainsi que des agences du Système des Nations Unies.
Contexte et objectifs du PRONEC-REAMORCE
Dans sa présentation détaillée du contexte, le Professeur Paschal KUM AWAH, Inspecteur Général des Programmes et méthodes d’enseignement et de Formation (IGPMEF) et Coordonnateur National du PRONEC-REAMORCE, a souligné l’importance cruciale des autorités traditionnelles et religieuses comme « garants moraux et gardiens de la paix dans la société camerounaise ».
Il a toutefois déploré que leurs rôles soient « de plus en plus remis en cause par les crises sociopolitiques, l’extrémisme violent, l’érosion culturelle et le désengagement des jeunes ». Ces dynamiques nécessitent, selon lui, « un réarmement moral, civique et stratégique pour réaffirmer leur influence en tant qu’agents de paix, d’unité et de développement ».
Le programme s’articule autour de quatre objectifs spécifiques clairement définis :
- Mettre en place un cadre de collaboration entre le MINJEC, les leaders religieux et les chefs traditionnels
- Permettre une dissémination des valeurs contenues dans le document PRONEC-REAMORCE en milieu religieux et communautaire
- Promouvoir la responsabilité civique et le mentorat chez les jeunes
- Encourager les actions communautaires
Interventions des leaders religieux : un appel à l’unité dans la diversité
L’une des particularités marquantes de ce symposium a été l’implication directe des plus hautes autorités religieuses du pays, représentant les principales confessions.
Le Révérend Frouissou Samuel a donné une leçon inaugurale sur « Les valeurs religieuses : facteurs d’unité et d’intégration nationale ». Commençant par une prière pour bénir l’auditoire, il a insisté sur le fait que « ce symposium national vise l’implication de chacun d’entre nous dans nos différentes tâches », avant d’ajouter : « Nous prions pour la bénédiction de tous les participants, et leur présence ainsi que leur effort fait pour l’unité, la paix et l’amour ».
Le Dr. Moussa Oumarou, Coordonnateur Général du Conseil des Imams et Dignitaires Musulmans du Cameroun, a salué l’initiative en ces termes : « C’est avec un réel plaisir que je prends la parole à l’occasion de ce symposium national. Je note qu’un sujet fondamental que celui du PRONEC représente un levier essentiel au sein de notre communauté. Toutefois, notre avenir ne peut être construit qu’avec un sens élevé de responsabilité ».
Dans la même veine, le Révérend Ahmadou Saidou, Président du Conseil des églises protestantes du Cameroun, a exprimé sa satisfaction : « Nous sommes très contents d’avoir reçu l’invitation de la part du ministre à prendre part à ce symposium au moment où le gouvernement nous invite à pouvoir réarmer l’église auprès de la jeunesse. Nous sommes très fiers et nous espérons que la jeunesse sera le fer de lance de la nation comme l’a dit le chef de l’État ».
La contribution essentielle des chefs traditionnels
L’intervention particulièrement remarquée et ovationnée de Sa Majesté Tsala Ndzomo, Président du Conseil National des Chefs Traditionnels du Cameroun, a marqué les esprits. Abordant la question du rôle de la chefferie traditionnelle comme acteur de la moralité au Cameroun, il a défini celle-ci comme « une institution qui gouverne une communauté et se caractérise par un ensemble de normes culturelles », tandis que la moralité constitue « l’ensemble de règles qui renvoient à des comportements manifestés par des valeurs morales ».
Sa Majesté a mis l’accent sur l’importance de la famille dans la transmission des valeurs, notamment « le respect des parents et des aînés, le sens des honneurs, le sens du travail, le sens du partage, le leadership ». Il a illustré son propos par des exemples concrets : « Pour saluer un aîné, vous vous décoiffez. Vous êtes assis, un aîné est debout, vous vous levez et vous cédez la place à l’aîné ».
Signature de conventions stratégiques
Un moment fort du symposium a été la signature de deux conventions majeures :
- Une convention entre le MINJEC et Plan Cameroon
- Une convention entre le MINJEC et l’Association des volontaires unis pour l’Éducation civique et morale (AVU-ECM)
Ces partenariats stratégiques visent à renforcer la mise en œuvre du PRONEC-REAMORCE et à élargir son impact sur l’ensemble du territoire national.
Le discours-programme du Ministre Mounouna Foutsou
Dans son allocution d’ouverture, le Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation Civique, Mounouna Foutsou, a commencé par un geste symbolique fort en demandant aux ministres des cultes musulman, protestant et catholique de bénir la cérémonie, soulignant qu’en tant que « simple Ministre de la République », il ne saurait ouvrir une telle rencontre « sans leurs bénédictions ».
Après avoir rendu hommage au Président de la République, Paul Biya, « dont la vision de paix, de solidarité nationale et de responsabilité citoyenne a inspiré le Programme National d’Éducation Civique », le Ministre a dressé un constat lucide de la situation actuelle : « Le contexte actuel, comme nous pouvons tous le constater, est un monde en mutation rapide, nos valeurs d’antan, traditionnelles et communautaires, se fragilisent et disparaissent ».
Il a particulièrement insisté sur la situation des jeunes qui, bien que « premières personnes à être accusées, indexées et marginalisées », sont en réalité « les premières victimes de cette civilisation, car de plus en plus exposés à l’extrémisme, au repli identitaire, au désengagement social de tous ». Face à ce constat, il a affirmé que « sans risque de se tromper, nous pouvons affirmer qu’ils ont besoin de repères et de modèles plus forts ».
Le Ministre a rappelé l’importance des chefs traditionnels et leaders religieux comme « interfaces essentielles entre l’État et les populations, les relais naturels de la paix, de la morale et de la citoyenneté ». Il a évoqué les paroles du Chef de l’État dans son discours à la jeunesse du 10 février 2025 : « Je souhaite également vous encourager à intégrer le Programme de Réarmement Moral, Civique et Entrepreneurial que le gouvernement a mis en place pour renforcer votre participation citoyenne ».
Mounouna Foutsou a également mis en avant les réalisations concrètes déjà accomplies, notamment la construction du « Centre National de Référence pour REAMORCE à NKOLNDA, fonctionnel et opérationnel », ainsi que plusieurs centres locaux « finalisés ou en cours de finalisation dans les Régions ». Il a mentionné l’inauguration récente du centre de l’Adamaoua à Ngaoundéré et a indiqué que « les éducateurs civiques de la troisième cuvée 2025 sélectionnés ont déjà entamé leurs formations en Préparation Militaire Supérieure Spécialisée au BTAP de KOUTABA ».
Le Ministre a conclu son intervention par un appel à l’action collective : « Nous devons ensemble valoriser la citoyenneté active, en redonnant à notre jeunesse des repères clairs, inspirants et porteurs de sens. Il est temps de faire des jeunes non plus de simples bénéficiaires de tous les maux, mais de véritables acteurs du développement ».
Une approche intégrée et participative
Ce qui ressort clairement de ce symposium, c’est la volonté du gouvernement camerounais d’adopter une approche holistique et participative dans la mise en œuvre du PRONEC-REAMORCE. En impliquant les autorités traditionnelles et religieuses, le MINJEC reconnaît leur rôle crucial dans la transmission des valeurs et la cohésion sociale.
Le programme vise à créer une synergie entre différentes sphères d’influence – État, religions, traditions – pour atteindre un objectif commun : le réarmement moral, civique et entrepreneurial de la jeunesse camerounaise. Cette approche multidimensionnelle reflète la complexité des défis à relever et la nécessité d’une réponse coordonnée.
Par ailleurs, l’accent mis sur l’exemplarité des leaders et des éducateurs révèle une prise de conscience importante : le changement de mentalité ne peut s’opérer que si ceux qui prônent les valeurs civiques les incarnent eux-mêmes. Comme l’a souligné le Ministre Foutsou, il faut « cesser, comme c’est largement répandu à tort maintenant, d’affirmer à nos administrés, apprentis, ouailles et autres fidèles, jeunes et moins jeunes : faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ! ».
Perspectives et défis
Le PRONEC-REAMORCE représente une initiative ambitieuse qui s’inscrit dans la vision à long terme du développement du Cameroun. En visant à former une jeunesse responsable, patriote et engagée, ce programme contribue directement aux objectifs de paix, d’unité nationale et de prospérité.
Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs critiques :
- La capacité à transformer les discours et les bonnes intentions en actions concrètes sur le terrain
- L’efficacité de la collaboration entre les différentes parties prenantes
- L’adéquation des ressources allouées au programme
- La pertinence des méthodes pédagogiques utilisées
- La réceptivité des jeunes ciblés
Le symposium national aura-t-il les effets escomptés sur l’éducation civique de la jeunesse camerounaise ? La mobilisation des chefs traditionnels et des leaders religieux suffira-t-elle à inverser les tendances actuelles d’érosion des valeurs ? L’approche intégrée prônée par le MINJEC parviendra-t-elle à répondre aux défis complexes auxquels fait face la société camerounaise contemporaine ?
Autant de questions qui trouveront leurs réponses dans la mise en œuvre effective du PRONEC-REAMORCE et dans l’évaluation de ses impacts à moyen et long terme. Une chose est certaine : par cette initiative, le Cameroun affirme sa détermination à investir dans sa jeunesse et à préserver ses valeurs fondamentales face aux mutations globales.