Une affaire explosive vient d’éclater au cœur du système fiscal camerounais. Evariste Helle, propriétaire de la célèbre marque BROLI et administrateur des sociétés Africa Food Import (AFI) et AFD, bénéficierait depuis des années d’avantages douaniers et fiscaux exceptionnels, causant un manque à gagner estimé à plus de 30 milliards de FCFA annuels pour l’État. Cette situation de favoritisme flagrant, révélée par des documents accablants, illustre la collusion entre certains hommes d’affaires et l’administration, au détriment des finances publiques et de la concurrence loyale.
Un traitement de faveur obtenu en un temps record
Les faits sont d’une gravité sans précédent. Le 8 mars 2022, Evariste Helle adresse une correspondance au Directeur Général des Douanes, Fongod Edwin Nuvaga, sollicitant une « flexibilité sur les conditions de dédouanement à l’importation de certaines marchandises ». La réponse tombe à une vitesse suspecte, seulement trois jours plus tard, le 11 mars 2022, octroyant à l’homme d’affaires un « abattement de 50% de la valeur imposable » sur ses produits et une « escorte du Secteur des Douanes vers les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».
Cette célérité inhabituelle dans le traitement du dossier laisse peu de doute sur l’existence d’une entente préalable entre l’administration douanière et le groupe AFI. Plus troublant encore, ces demandes seraient toujours traitées « sous plis fermés », échappant ainsi à toute forme de transparence administrative.
Un arsenal d’avantages uniques qui fausse le marché
Les privilèges dont bénéficie le groupe d’Evariste Helle s’avèrent sans équivalent dans le paysage économique camerounais. Outre l’abattement de plus de 50% sur les droits de douanes, l’entrepreneur jouirait également d’une annulation pure et simple des droits d’assise et d’un système de paiement différé et cautionné des droits de douanes, alors que tous les autres importateurs sont contraints de payer comptant.
Ces avantages exorbitants expliqueraient pourquoi les produits Broli, notamment le riz et les pâtes alimentaires, peuvent être commercialisés à des prix défiant toute concurrence sur le marché camerounais. « C’est comme ça que Broli casse les prix et a des avantages sur tous les autres acteurs du marché au Cameroun », confie une source du secteur agroalimentaire.
Plus grave encore, ces sociétés bénéficieraient d’une immunité fiscale de fait. Selon des sources internes à l’administration fiscale, il serait formellement interdit de procéder à un contrôle fiscal dans les sociétés AFD et AFI appartenant à Evariste Helle. Une situation d’exception qui perdurerait depuis plusieurs années et qui aurait été « réitérée en 2024 », permettant à l’homme d’affaires de poursuivre ses activités en marge du cadre légal commun.
Cette situation pose de sérieuses questions sur l’équité fiscale au Cameroun et sur la gouvernance au sein de l’administration douanière, dirigée depuis une décennie par Fongod Edwin Nuvaga. Dans un contexte économique tendu, où l’État cherche à maximiser ses recettes fiscales et où de nombreuses petites entreprises peinent à survivre face aux charges qui les accablent, ce traitement de faveur apparaît comme une injustice flagrante qui mérite une enquête approfondie des autorités compétentes.