(Investir au Cameroun) – Au terme des célébrations du cinquantenaire du Fonds d’équipement et d’intervention communale (FEICOM), son Directeur général, Philippe Camille Akoa, fait le bilan des réalisations de l’institution et évoque ses défis ainsi que ses perspectives. Il revient sur les financements mobilisés, les projets structurants menés, l’endettement des collectivités territoriales décentralisées et les réformes en cours pour adapter le FEICOM aux enjeux contemporains, notamment en matière de finance climatique et d’intelligence artificielle. Un éclairage précieux sur le rôle central du FEICOM dans la construction d’un Cameroun moderne et durable à l’ère de la décentralisation.
IC : Le FEICOM vient de célébrer son cinquantenaire, comment se porte l’institution aujourd’hui ?
Philippe Camille Akoa : Nous venons effectivement, le 5 décembre 2024 qui était la clôture de ces activités, de célébrer nos 50 ans parce que l’institution a été créée le 5 décembre 1974. Le FEICOM est une institution qui a connu une très grande évolution avec le temps. D’une simple direction administrative rattachée au Ministère de l’Administration Territoriale, il est devenu un établissement public qui a connu quelques difficultés. Nous sommes revenus au niveau de l’administration provisoire en 2005, j’ai été nommé Administrateur Provisoire pour en devenir le Directeur général en 2006. Et nous avons donc connu depuis 2018 une autre réorganisation, qui a fait de nous aujourd’hui un établissement public à caractère économique et financier.
Nous avons vu nos missions élargies aux Régions, parce qu’avant le FEICOM ne s’occupait que des Communes, et depuis lors, nous avons de nouvelles missions qui nous permettent de mobiliser un peu plus de ressources, à côté de celles importantes mises à notre disposition par l’État.
Pour l’instant, on peut dire que cet organisme se porte bien aujourd’hui et réalise entièrement ses missions au profit des Collectivités territoriales décentralisées. En tant que Directeur Général, je pense qu’il a encore de beaux jours devant lui.
IC : Le FEICOM revendique plus de 500 milliards de financements au profit des collectivités territoriales décentralisées. Pouvez-vous nous présenter l’impact que ces financements ont eu ?
Philippe Camille Akoa : Il est important de relever que les 500 milliards FCFA auxquels vous faites allusion (il s’agit de manière plus précise d’une enveloppe de 539 169 625 184 FCFA accordée depuis 1974 à nos jours aux Communes et aux Régions pour 6 348 concours), représentent uniquement le montant destiné aux investissements du FEICOM au profit des Collectivités territoriales décentralisées. Pour les régions spécifiquement, il s’agit de 43 concours d’un coût de 20 991 923 798 FCFA.
« En termes de redistribution des CAC et autres Impôts Communaux Soumis à Péréquation… le FEICOM a reversé de 1998 à 2024 un montant total de 1 386, 4 milliards de FCFA »
Toutefois, il faut relever qu’en termes de redistribution des Centimes Additionnels Communaux (CAC) et autres Impôts Communaux Soumis à Péréquation (ICSP), y compris les droits d’accises, le FEICOM a reversé de 1998 à 2024 un montant total de 1 386 424 972 236 FCFA.
Pour ce qui est de l’impact, depuis un certain nombre de temps le FEICOM rend compte par des rapports annuels qu’il publie et qui retransmettent quand même de façon imagée, en termes d’infrastructures réalisées, ce qui a été fait sur le territoire national.
L’on évoque très régulièrement les hôtels de ville et les mairies qui sont en effet la partie la plus visible. Mais parallèlement, le FEICOM est un partenaire engagé dans d’autres domaines tels que l’éducation, la santé, l’accès à l’eau et à l’électricité, etc. Par ailleurs, nous avons aujourd’hui, des programmes qui nous permettent d’aller au-delà de financements classiques. À titre d’illustration, nous travaillons avec des partenaires tels que l’Union européenne, la KFW qui est la banque de développement allemande, avec lesquels nous avons développé des programmes pour les personnes déplacées au niveau du Cameroun.
« Nous sommes engagés dans l’habitat social à travers un programme de 30 milliards FCFA avec le Crédit foncier du Cameroun »
Il faut aussi souligner que nous sommes engagés dans l’habitat social aujourd’hui à travers un programme de 30 milliards FCFA avec le Crédit foncier du Cameroun. Cette enveloppe sera également augmentée dans les prochains jours. À côté de cela, nous collaborons également avec la Banque Africaine de Développement avec laquelle nous finançons tout ce qui est chaîne de valeurs dans le domaine de l’agriculture et de la pisciculture.
Un autre pan de notre activité concerne la promotion d’une nutrition saine avec des ressources qui nous sont propres et d’autres ressources également qui nous proviennent du Fonds des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, la FAO au niveau scolaire, parce que nous avons compris aujourd’hui au niveau du FEICOM que le développement n’est pas qu’infrastructurel, il concerne d’abord l’Homme lui-même. Cela veut dire que des enfants mal nourris ne pourront pas avoir de bons résultats scolaires.
IC : Malgré vos efforts, les CTD sont toujours pour la plupart indigentes, parce qu’elles demandent encore plus, notamment en matière d’infrastructures socio-économiques de base et même en matière de gouvernance locale. Ces difficultés résultent-elles d’une insuffisance de financements ou d’une mauvaise orientation ?
Philippe Camille Akoa : Ce qu’il faudrait bien comprendre, c’est que nous sommes un pays en voie de développement. Cela veut dire que dans une certaine mesure, nous sommes forcément en arrière par rapport aux pays développés. Cela signifie également que nous avons de nombreux besoins tandis que les ressources sont insuffisantes. Le rôle du FEICOM est donc de contribuer, avec l’appui des partenaires au développement de l’État au développement.
Il faut également préciser que les choix de développement faits par le FEICOM ont cette particularité qu’ils s’inscrivent dans les stratégies nationales et les stratégies internationales. En d’autres termes, aucun financement du FEICOM aujourd’hui n’est rattaché soit à un Objectif du Développement Durable, soit à la Stratégie de développement SND30. Quand nous finançons de l’eau, c’est parce que nous sommes sur un pilier de cette SND30, qui constitue aussi un objectif de développement durable que nous mettons en exergue pour justifier notre financement.
IC : Face aux immenses besoins en financements des CTD, certains plaident pour que le FEICOM lève des fonds sur les marchés financiers. Mais cette option-là semble au statut actuel du FEICOM. Envisagez-vous une réforme qui permettrait au FEICOM d’accéder aux marchés de capitaux pour lever des fonds ?
Philippe Camille Akoa : Dans le contexte actuel, le passage que nous avons connu vers un établissement public à caractère économique et financier est déjà une évolution très importante parce qu’elle nous donne plusieurs latitudes. Quand nous étions un simple établissement public, le Crédit foncier du Cameroun ne nous aurait jamais prêté 30 milliards FCFA. C’est ce statut d’établissement public à caractère économique et financier qui nous permet d’avoir cette facilité.
« Les partenaires au développement envisagent, à côté des ressources qu’ils mettent à notre disposition sous forme de dons, de plutôt les mettre sous forme de prêts »
Il faut mentionner que l’important travail qui est fait par le gouvernement parce qu’en ce moment, par exemple, le FEICOM est en train de suivre un processus de notation qui est conduit par la Caisse Autonome d’Amortissement. L’aboutissement de ce processus de notation permettra justement au FEICOM, suivant la note qu’il obtiendra, de voir quels risques il présente sur le marché financier pour que nous puissions obtenir également des ressources financières levées sur les marchés.
Ce statut nous offre en effet une grande marge de manœuvre en travaillant avec les partenaires au développement qui aujourd’hui envisagent, à côté des ressources qu’ils mettent à notre disposition sous forme de dons, de plutôt les mettre sous forme de prêts. Nous sommes en négociation avec plusieurs bailleurs de fonds dans ce sens-là.
Nous allons recevoir également d’eux des ressources sous forme de prêts pour pouvoir mener d’autres types d’investissements. Il pourra être envisagé pour le moment parce que nous avons justement basé notre année dans la projection des 50 prochaines années du FEICOM où nous pensons qu’il y aura forcément d’autres évolutions avec le temps.
Mais je voudrais dire que le statut actuel n’est pas encore totalement maîtrisé et mis en œuvre de façon complète. Lorsqu’on l’évaluera, cela permettra de voir quelle pourra être l’avancée du FEICOM. Ce qu’il faudrait bien dire également, c’est que le tout n’est pas de faire avancer le FEICOM. Il faut également faire avancer les Collectivités territoriales décentralisées, sinon le FEICOM risque d’être une structure remplissant plein de normes internationales mais qui sera en difficulté en travaillant avec les Collectivités. Cette évolution devra se faire aussi, il faut penser qu’elle soit concomitante à l’évolution des collectivités.
IC : Toujours sur la réforme que vous avez évoquée qui fait du FEICOM un établissement public à caractère économique et financier. Elle permet au FEICOM de pouvoir faire des placements et de prendre des participations dans des entreprises. Alors aujourd’hui, quel est l’état des placements, des prises de participation et des investissements du FEICOM ?
Philippe Camille Akoa : Il est important de préciser, en référence avec ce statut que l’État emprunte parfois et rétrocède au FEICOM. C’est le cas du projet de parc d’engins de génie civil et d’hydraulique en cours avec les Américains. Ce prêt contracté par l’État, a été rétrocédé au FEICOM parce que nous avons la capacité de pouvoir restituer ces ressources.
« Le FEICOM dispose d’un patrimoine foncier et immobilier que nous sommes en train de fructifier »
En ce qui concerne les autres aspects tels que les placements, nous avons eu une réforme en interne avec un nouvel organigramme où nous avons mis sur pied une direction chargée des opérations financières et de gestion du patrimoine. Cette structure est dirigée par un responsable précédemment en service dans une banque de la place pour pouvoir mettre cette activité sur pied. Et il faudrait dire qu’elle porte aujourd’hui des fruits. Par exemple, nous disposons d’un patrimoine foncier et immobilier que nous nous sommes en train de fructifier grâce à ce statut.
Mais aujourd’hui, en termes de placements, cela n’a pas encore été fait parce que ce sont des discussions que nous avons aussi de façon concomitante avec le ministère des Finances pour voir comment ces opérations devront être faites. Nous avons, au cours de l’année 2024, eu de grandes concertations par exemple avec la Caisse des Dépôts et Consignations, avec la Banque centrale et avec d’autres banques commerciales. Et puis, il faut également dire que le Ministre des Finances lui-même nous encourage également à aller vers le secteur bancaire.
IC : Sur le plan financier, quel bilan peut-on tirer des performances du FEICOM pour l’année 2024 qui vient de s’achever ?
Philippe Camille Akoa : En termes de mobilisation de ressources, l’année 2024 a été satisfaisante au regard des performances enregistrées au 31 décembre 2024. En effet, 197 milliards de FCFA de recettes ont été mobilisés sur un objectif de 189 milliards de FCFA, soit un taux de réalisation de 104%. Ces résultats résultent des effets des réformes fiscales ayant permis l’élargissement de l’assiette, et d’une coopération efficace avec les partenaires des régies financières de l’Etat.
« Nous avons tablé sur une mobilisation des ressources de 294 milliards FCFA en 2025 »
Fort de ces résultats nous avons tablé en toute confiance sur une mobilisation des ressources de 294 milliards FCFA en 2025. Il faudra également tenir compte de la nouvelle loi sur fiscalité locale et des spécificités de la loi finances. Les innovations apportées par cette dernière portent entre autres modernisation gestion dépenses des personnels de l’Etat et la budgétisation sensible au climat mise œuvre pour la première fois dans le cadre de la préparation d’un projet de loi de finances.
IC : Le FEICOM injecte beaucoup d’argent dans la construction des hôtels de ville, mais ces ouvrages sont souvent critiqués, souvent pour la qualité des infrastructures qui sont réalisées mais également pour leurs coûts. Comment vous percevez ces critiques ?
Philippe Camille Akoa : Au FEICOM, nous pensons que notre pays doit être construit de façon définitive avec des réalisations pérennes. A titre d’illustration, l’hôtel de ville de Paris qui reste et demeure une référence pour les touristes à ce jour a été construit dans les années 1600, à un moment où l’automobile ne circulait pas à Paris. Nous étions à l’époque des chevaux. Pourquoi les autres doivent-ils avoir des histoires et le Cameroun non ? Je pense que l’option des choses définitives est vraiment ce que nous avons eu à faire.
« Le programme qui a permis de construire environ 230 hôtels de ville est pratiquement à sa fin »
Il est d’ailleurs important de relever que, initié en 2006, ce programme qui a permis de construire environ 230 hôtels de ville est pratiquement à sa fin. Étant entendu que ce n’est pas toutes les Communes qui vont demander la reconstruction de leur bâtiment. Aussi, les ressources qui nous permettaient d’alimenter ce programme seront orientées dans le domaine de l’éducation, de l’eau, des changements climatiques, ainsi de suite. La construction des hôtels de ville au niveau du FEICOM est derrière nous. Que les Camerounais ouvrent un autre débat aujourd’hui dans lequel nous pourrons nous engouffrer, parce que là, les hôtels de ville sont là ils sont visibles, ils matérialisent la volonté des maires et donnent de la fierté à un certain nombre de populations et nous donnent des repères.
IC : Le FEICOM ne se contente plus d’être la banque des Collectivités, ou qui redistribue les Centimes additionnels communaux. Aujourd’hui, il finance des projets d’élevage, d’infrastructures et autres. Le FEICOM ne marche-t-il pas sur les plates-bandes des projets de développement tels que le PNDP ou très récemment encore le PROLOG ?
Philippe Camille Akoa : Je dois dire que le FEICOM est antérieur à ces deux structures, que ce soit le PNDP, que ce soit le PROLOG. La question serait plutôt est-ce que le PNDP ne marche pas ou bien n’a pas marché sur les pas du FEICOM ou le PROLOG qui est récent parce qu’il n’a encore aucune action sur le terrain ? Donc cela veut dire qu’il vient trouver un terrain où il y avait déjà un opérateur. Nous existons avant le processus de décentralisation tel que voulu par la Constitution et mis en œuvre aujourd’hui au Cameroun. C’est-à-dire que nous sommes là depuis 1974. Nous avons l’antériorité.
« Nous existons avant le processus de décentralisation tel que voulu par la Constitution »
Ça veut dire aussi en d’autres termes que plusieurs acteurs peuvent être sur le terrain. Ce qui est important, c’est qu’il y ait une coordination de leurs actions. Et vous parlez très bien du PNDP. Le FEICOM a participé à la mise en œuvre de ce programme, a été chargé de donner la contrepartie des Communes. Et puis aujourd’hui, le FEICOM est également membre du comité de pilotage du PROLOG. Et ce qui permet quand même une certaine coordination sur le terrain. Il y a de la place pour plusieurs acteurs.
IC : Le FEICOM s’est proposé d’accompagner les conseils régionaux à construire leur siège. Et comme mesure incitative, vous avez proposé un milliard pour chaque région. Où en est-on avec ce projet ?
Philippe Camille Akoa : Lorsqu’ils ont commencé à fonctionner, les Conseils régionaux sont entrés dans les compétences du FEICOM. Il manquait quand même un aspect, c’est la loi portant fiscalité locale, parce que c’est normalement cette loi qui donne les ressources des Régions que devrait gérer le FEICOM.
Le FECOM a estimé que, ayant ces nouvelles collectivités comme clients, mais n’ayant pas leurs ressources, la Direction Générale a proposé au Conseil d’Administration, compte tenu du fait que nous avons des réserves au niveau du trésor en termes de ressources non utilisées, de pouvoir les mettre à la disposition des Régions un milliard de francs par mois.
A côté de ces ressources, une réflexion a commencé à être menée sur les hôtels de Région, parce qu’ils matérialisent vraiment l’institution et sont en fait la première phase du projet, plus large, sur la création de villes nouvelles.
Il s’agit donc de mettre des ressources à la disposition des Régions, pas simplement pour construire leur hôtel de Région, mais également pour remplir les missions qui sont les leurs, selon les attributions légales qui leur ont été données. Dans ce sens, l’hôtel régional du Nord-Ouest est en cours de construction. A l’Ouest, les procédures d’adjudication pour la construction sont en cours.
« Les CTD sont endettées à près de 128 milliards FCFA auprès du FEICOM. Dont 36 milliards FCFA de dette exigible en cours et 91,8 milliards FCFA de dette non placée »
Mais d’autres régions ont utilisé ces ressources à autre d’autres fins. Si vous allez par exemple dans l’Adamaoua, des lycées et des salles de classe dans les lycées ont été construits. C’est la même chose que nous avons vue à l’Est et au Sud. Et puis dans le Sud-Ouest, plusieurs hôpitaux spécialisés dans l’hémodialyse sont aujourd’hui également envisagés en termes de construction. Au Littoral, le Conseil régional a réhabilité un bâtiment qui a été donné par l’Etat. Nous l’avons complètement transformé. Et je pense que d’ici le mois de mars, le conseil régional du littoral sera installé dans de nouveaux locaux. Donc on peut dire que le bilan aujourd’hui, nous avons des choses concrètes au niveau des régions.
IC : Quel est l’état de la dette des CTD auprès du FEICOM aujourd’hui ?
Philippe Camille Akoa : Les Collectivités territoriales décentralisées sont endettées à près de 128 milliards FCFA aujourd’hui auprès du FEICOM. C’est la dette globale. Elle comporte 36 milliards FCFA de dette exigible en cours et 91,8 milliards FCFA de dette non placée.
IC : Vous avez parlé de l’acquisition des engins au bénéfice des communes. Cela nous ramène à un projet dont on a parlé il y a quelque temps, qui était l’acquisition de 261 engins. Le projet a été monté aux côtés de l’association Communes et villes unies du Cameroun. Où en sommes-nous ?
Philippe Camille Akoa : Il faut dire que c’est un projet qui a mis près de 10 ans de maturation. Il avait été présenté au gouvernement par les Communes et Villes Unies du Cameroun (CVUC) en 2008. Le gouvernement a estimé que c’était un bon projet et a jugé qu’il était bien que le projet soit porté par le FEICOM qui est financière qui accompagne les communes dans ces projets de développement. Finalement, en 2024, la convention de financement a été signée par le gouvernement. Et nous pensons que d’ici la fin de l’année, les premiers engins destinés aux Communes camerounaises et fabriqués aux États-Unis vont arriver au Cameroun.
IC : Est-ce que les équipements seront donnés à chaque Commune ou alors c’est un parc où, en fonction des besoins, les communes viendront chercher pour réaliser des travaux et revenir à l’unité chargée ?
Philippe Camille Akoa : Globalement, le projet qui a été pensé c’est un parc. Nous avons des bases zonales, à Maroua pour le Nord et l’Extrême-nord, Mbalmayo pour le Centre et le Sud, Koutaba pour l’Ouest et le Nord-Ouest, Mandjou pour l’Est et l’Adamaoua, Tiko pour le Sud-Ouest et le Littoral.
« D’ici la fin de l’année, les premiers engins destinés aux Communes camerounaises et fabriqués aux États-Unis vont arriver au Cameroun »
Ce projet a été pensé comme étant une unité de gestion rattachée au FEICOM, mais indépendante du FEICOM, en termes de gestion. De manière pratique, les engins seront parqués dans les bases zonales et les Communes feront des demandes pour l’exécution de leurs travaux routiers. Il faut ajouter qu’en plus du parc d’engins de génie civil, Il y a également des foreuses pour les travaux d’hydraulique qui permettront d’atteindre une très grande profondeur pour des forages. Il a également été prévu le déplacement de ces engins d’une base vers une autre, en fonction par exemple, des saisons.
Le projet s’étale sur 7 ans avec des remboursements à très brève échéance. Et puis après le remboursement de ces ressources, il sera pensé le mode de gestion que les communes souhaiteraient. D’abord, parce que c’est un mode de gestion ou de fonctionnement qui ne consiste pas pour le FEICOM à faire des bénéfices. Ces revenus serviront à acheter les pièces de rechange, les carburants et assurer la maintenance.
Après, les Communes pourront lui donner une autre destination pour plus de rentabilité, mais le FEICOM gardera cette gestion avec une unité particulière pour s’assurer du remboursement complet vis-à-vis de la partie américaine. Ceci dit, je pense que c’est intéressant de préciser le montant que ce projet est financé à hauteur de 56 milliards de francs.
IC : Toujours dans le cadre des projets qui sont portés par le FEICOM, il y a cet important projet qui consistait à financer les logements sociaux à travers la construction des cités communales que vous avez lancées il y a pratiquement une dizaine d’années déjà, La question c’est de savoir quel est le bilan de ce projet en termes de réalisation, d’investissements consentis, et également les perspectives ?
Philippe Camille Akoa : Les 30 milliards que nous avons obtenus nous ont permis en ce moment déjà de réaliser plus de 1200 logements qui sont occupés, qui existent. C’est le cas à Mengang, Bogo, Nkongsamba, Bot Makak, Ngibassal etc. La particularité de ces logements c’est que tout le Cameroun est impacté. Donc toutes les Communes ont accès à ces financements et il faudrait bien comprendre que ce programme vient résoudre des problèmes concrets, notamment l’hébergement des fonctionnaires affectés dans certaines localités. Ils permettent également l’amélioration de l’économie locale liée à l’augmentation de la demande en biens de consommation. Autre efficacité de l’action, c’est que l’absentéisme des enseignants dans les lycées est une question réglée, tout comme d’un certain nombre de fonctionnaires dont la présence était nécessaire dans ces localités.
« 30 milliards nous ont permis en ce moment déjà de réaliser plus de 1200 logements… le Crédit Foncier du Cameroun envisage d’augmenter sa ligne de crédit »
Ce projet connait un véritable succès au point où notre partenaire, le Crédit Foncier du Cameroun envisage d’augmenter cette ligne de crédit. Nous avons le soutien du gouvernement à travers notamment, le Ministre de la Décentralisation, celui en charge des Finances et du Développement urbain qui portent cet important projet.
IC : Le FEICOM affiche aujourd’hui une excellente santé financière. Mais après 50 ans d’existence est-ce que vous envisagez de repenser les missions du FEICOM au vu des évolutions de notre environnement ? Si oui, quelles sont les réformes que vous pensez nécessaires pour rendre encore plus efficace et plus solide le travail que fait le FEICOM?
Philippe Camille Akoa : Je voudrais redire que les missions du FEICOM seront inévitablement repensées, et surtout la façon de mener même l’action son action. Par exemple nous sommes dans un processus d’accréditation au Fonds d’Adaptation qui sont de nouvelles thématiques et qui sont réelles. Nous avons vu ce qui s’est passé dans l’Extrême-Nord du Cameroun en termes d’inondations. Nous pensons qu’au courant de l’année 2025, le FEICOM sera accrédité donc on pourra recevoir ces fonds verts. Donc, ces missions du FEICOM devront être revues. Dans le cadre de la finance climat, les questions de finance climatique sont différentes de celles des finances ordinaires. Nous devrions effectivement aller vers là.
« Courant 2025, le FEICOM sera accrédité au Fonds d’Adaptation. Donc, on pourra recevoir ces fonds verts »
Puis il y a le grand débat actuel autour de l’intelligence artificielle. Aucun pays, s’il ne s’exclut pas, ne pourra vivre en mettant de côté ces importantes questions aujourd’hui. Ce sont des questions qui sont en débat à l’intérieur du FEICOM. Nous avons déjà commencé à intégrer l’intelligence artificielle dans notre mode de fonctionnement. Je dois par exemple vous dire aujourd’hui qu’au niveau du FEICOM nous n’avons plus de secrétariat au Conseil d’administration. Les procès-verbaux sont générés de façon automatique par une application. Les correspondances du Directeur général sont dictées et ressortent sous forme imprimée. Je voudrais dire qu’au FEICOM également nous avons une Cellule de la Recherche et de l’Innovation qui nous permet aussi d’aller vers les Smart Cities, les villes intelligentes. Ce sont des questions au centre du développement dans les toutes prochaines années. Et l’on ne pourra plus dire aujourd’hui qu’une structure comme le FEICOM n’est pas une structure avant-gardiste.
« Au FEICOM, nous avons une Cellule de la Recherche et de l’Innovation qui nous permet d’aller vers les Smart Citie »
Dans la même veine, nous avons déjà deux certificats : la norme ISO 9001 version 2015 qui est le système de management de la qualité, donc un référentiel international, et une certification ISO 14001 version 2015 dans le domaine du management environnemental. En ce moment, nous nous engageons vers une autre troisième certification, ISO 45001 qui nous permettra de tenir compte de toutes les questions qui ont trait à la santé, sécurité, salubrité au travail.
Parce que notre vision c’est contribuer à faire des Collectivités territoriales décentralisées un endroit où il fait bon vivre, et ce bon vivre là devra être pris complètement en compte dans les nouvelles missions du FEICOM. Mais tout ça aussi ne pourra être fait qu’avec un personnel aussi complètement adapté au numérique, parce que je pense que ce que nous voyons dans les pays développés va forcément arriver au Cameroun, où l’écriture va peut-être disparaître. Tout sera fait par les machines. Au FEICOM, ce sont des choses sur lesquelles nous avons commencé à réfléchir, et nous pensons que cela appellera forcément une évolution de nos missions et puis une nouvelle manière même de les réaliser.
Entretien mené par Baudouin Enama et Ludovic Amara