Le Programme d’Accès aux Services de Santé de la Reproduction (PASSR II) arrive à un tournant décisif. Le 15 octobre 2025, un comité de suivi stratégique s’est réuni à Yaoundé sous la présidence du Pr NJOCK Louis Richard, Secrétaire général du Ministère de la Santé publique (MINSANTE). Objectif : évaluer les acquis de la phase II, amorcée en 2022, et préparer le lancement de la phase III, prévu pour novembre. « Le PASSR est une fierté nationale, car il améliore concrètement la vie des femmes », a confié une sage-femme venue du Nord. Quels enseignements tirer de ces trois années de mise en œuvre et que promet la prochaine étape ?
Des avancées tangibles dans la santé reproductive
Le PASSR II, financé par la coopération allemande à travers la KfW, et mis en œuvre par PSI et ACMS, s’est imposé comme un levier essentiel d’accès à la santé reproductive au Cameroun. Depuis 2022, il agit sur trois axes clés :
- le renforcement des services de planification familiale,
- la formation du personnel médical et paramédical,
- et la sensibilisation communautaire autour des droits sexuels et reproductifs.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- plus de 420 000 femmes ont bénéficié de services contraceptifs modernes,
- plus de 1 200 prestataires ont été formés,
- et près de 1,5 million de Camerounais ont été sensibilisés via des campagnes médiatiques et communautaires.
« Ce n’est pas du jeu ! Dans certaines zones rurales, les femmes parcouraient 20 km pour accéder à un centre de planification familiale. Aujourd’hui, le service vient à elles », témoigne une responsable régionale de santé à Garoua.
Les défis du PASSR II et les ambitions de la phase III
Si les résultats sont encourageants, plusieurs défis persistent : rupture ponctuelle de produits contraceptifs, sous-équipement de certaines formations sanitaires et disparités régionales dans la couverture des services.
Le comité de suivi a ainsi recommandé la mise en place d’un plan de continuité des approvisionnements, un suivi numérique renforcé via l’outil DAMA Online, et un renforcement des partenariats avec les collectivités locales.
La phase III du PASSR, qui démarrera en novembre 2025, ambitionne de :
- étendre la couverture géographique à dix régions,
- intégrer la santé maternelle et néonatale dans le dispositif,
- et accroître la participation communautaire à travers les jeunes pairs éducateurs.
« Notre priorité, c’est d’assurer la durabilité du programme et d’ancrer la santé reproductive dans la routine des structures publiques », a souligné un représentant de PSI Cameroun.
Cette approche inclusive reflète la vision du MINSANTE : rapprocher la santé reproductive du citoyen, partout et pour tous.
Une synergie d’acteurs pour un impact durable
La rencontre de Yaoundé a réuni un écosystème riche d’acteurs : KfW, PSI, ACMS, Direction de la Santé Familiale (DSF), OMS, UNFPA, GIZ et MINEPAT. Tous ont salué la coordination exemplaire entre le gouvernement et les partenaires techniques.
L’accent a été mis sur l’intégration du PASSR III dans la stratégie nationale de santé, afin d’assurer une cohérence avec le Plan de Développement Sanitaire 2024-2030.
Cette phase mettra aussi un accent particulier sur la collecte de données fiables et la communication comportementale, pour mieux adapter les interventions à chaque région.
« L’avenir du PASSR dépendra de notre capacité à transformer ces projets en politiques publiques durables », a insisté le Pr NJOCK Louis Richard.
Après trois années d’efforts conjoints, le PASSR II s’achève sur une note d’optimisme et de réalisme. Les résultats obtenus prouvent qu’une action coordonnée entre le public et le privé peut changer la donne dans la santé reproductive.
La phase III s’annonce ambitieuse et promet d’ancrer encore plus profondément la prévention et le bien-être familial dans les priorités nationales.
Mais une question demeure : le Cameroun saura-t-il maintenir cette dynamique jusqu’à l’autonomie complète du système de santé reproductive ?

