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Pape africain ► 18 cardinaux face au système Vatican!


Le débat sur la possibilité d’un pape africain s’intensifie au Cameroun et sur tout le continent alors que le Vatican se prépare à un nouveau conclave. Avec désormais 18 cardinaux électeurs africains contre seulement 11 en 2013, les spéculations vont bon train sur l’élection potentielle du premier pape noir de l’histoire moderne. Mais derrière cette possibilité historique se cachent des enjeux de pouvoir et d’influence que peu osent évoquer ouvertement.

Succession papale africaine: mirage ou réelle émancipation?

La croissance spectaculaire du catholicisme en Afrique alimente les espoirs d’une représentation au plus haut niveau de l’Église. Cependant, l’enthousiasme médiatique occidental pour certains candidats africains, notamment le cardinal guinéen Robert Sarah, 79 ans, suscite des interrogations légitimes. Pourquoi les médias français, dont certains appartiennent à des groupes comme Bolloré, font-ils tant l’éloge d’un candidat particulier?

Le cardinal Sarah est certes un intellectuel rigoureux qui n’a pas hésité à critiquer aussi bien «le démantèlement des valeurs de la foi» en Occident que «les danses exubérantes et les bavardages creux» dans l’Église africaine. Sa résistance face au régime d’Ahmed Sékou Touré quand il était archevêque de Conakry force le respect.

Néanmoins, des voix s’élèvent pour questionner son silence face à des enjeux cruciaux pour l’Afrique. «Comment expliquer l’absence de position claire du cardinal sur le pillage des ressources naturelles africaines par certaines multinationales occidentales?», s’interroge un théologien camerounais qui préfère garder l’anonymat.

La fixation sur le célibat sacerdotal, règle adoptée seulement au XIIe siècle et non dogme fondamental, révèle aussi une vision peut-être trop conservatrice pour une Église en mutation. Comme le rappellent les spécialistes, cette règle n’a été formalisée qu’au premier concile du Latran, bien après l’époque apostolique.

Le pape François, souvent qualifié de progressiste, a pourtant conservé des positions traditionnelles sur le célibat des prêtres tout en révolutionnant d’autres aspects: il a créé plus de cardinaux africains (18) que ses prédécesseurs, réduit le poids de la Curie romaine et critiqué ouvertement les pays occidentaux qui considèrent l’Afrique comme «une mine à exploiter».

Si un Africain accédait effectivement au trône de Pierre dans les semaines à venir, la question fondamentale resterait entière: pourrait-il réellement transformer une institution dont la structure administrative reste majoritairement occidentale et dont les leviers de pouvoir sont solidement ancrés dans des systèmes séculaires?

L’élection d’un pape africain représenterait-elle une véritable émancipation spirituelle pour le continent ou simplement un changement cosmétique qui renforcerait l’emprise de l’institution sur les fidèles africains?

Par Rodrigue Batag pour 237online.com



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