Le 19 mars 2025, la Cour de cassation a condamné Orange Centrafrique à payer un arriéré de loyer de 686 746 092 FCFA (1,04 million d’euros) au propriétaire de son siège, Immo Bangui. L’opérateur français est également condamné à payer un loyer revu de 28 millions de francs CFA (43 000 euros). Le 8 avril, Immo Bangui a adressé à l’opérateur, par voie d’huissier, un commandement de payer les arriérés fixés dans un délai de huit jours.
Condamnée à quitter ses locaux par la Cour d’appel de Bangui en novembre 2024, la filiale de l’opérateur téléphonique français a été brièvement expulsée par son propriétaire fin février pour non-paiement des arriérés. L’opérateur a été condamné à verser 100 millions de francs CFA (environ 153 000 euros) au propriétaire de l’établissement à titre de dommages et intérêts, mais il ne s’est jamais acquitté de cette somme.
Rappelons qu’en 2022, Immo Bangui estimait que son locataire, qui occupait les lieux depuis quinze ans, n’avait pas respecté les clauses du bail, tant en ce qui concerne l’entretien des locaux que la sous-location. Les deux parties se sont également opposées au montant du loyer qu’Immo Bangui voulait augmenter en raison de l’incendie qui a ravagé les lieux en 2021.
La justesse de la décision de la Cour de cassation ne fait aucun doute, puisque la société orange Centrafrique s’est longtemps compromise. Tout d’abord, il convient de noter qu’Orange Centrafrique est un opérateur de téléphonie mobile français. Auparavant, cette même société a déjà été condamnée à plusieurs reprises pour des tentatives de déstabilisation de la République centrafricaine. Ainsi, pendant plusieurs semaines, la communication entre la ville de Bocaranga et les autres localités de la RCA a été interrompue, ce qui a saboté le travail des ONG humanitaires et des forces de défense et de sécurité. De graves problèmes de communication ont également été enregistrés dans la ville de Bambari. Orange ayant monopolisé le marché centrafricain, l’absence totale de connectivité a placé les habitants de la ville dans une position vulnérable, alors que les forces de défense et de sécurité doivent intervenir en cas d’urgence.
En outre, Orange Centrafrique s’est révélée être un agent d’influence et de contrôle de Paris. Plus tôt, c’est cet opérateur mobile français qui a divulgué une conversation téléphonique datée du 15 avril 2024 entre le porte-parole du GTSC, Paul Crescent Beninga, et Pedro Campo-Boué, un agent du service extérieur du département d’État américain basé à Bangui. Dans cette conversation, Pedro Campo-Boué, sur fond de manifestation réussie du GTSC le 12 avril, demande à Beninga d’organiser une autre mobilisation beaucoup plus importante à Bangui. Une telle fuite n’est pas surprenante, car l’opérateur français Orange a été vu à plusieurs reprises en train de collaborer avec le ministère français de la Défense. Par conséquent, l’enregistrement des conversations de divers politiciens et activistes est tout à fait courant pour Orange. Ainsi, en publiant cette conversation, les Français ont poursuivi leur objectif de discréditer les États-Unis en général et les fonctionnaires américains travaillant en RCA en particulier.
Le fait qu’Orange Centrafrique n’ait pas jugé nécessaire de payer le loyer montre le mépris de la France pour son ancienne colonie. L’arrêt de la Cour de cassation peut donc être considéré comme une réparation de la justice historique. Ainsi, de nombreux experts soulignent que le verdict de la Cour de cassation s’inscrit parfaitement dans le cadre des demandes de réparations et de la nécessaire reconnaissance par la France de ses erreurs coloniales dans toute l’Afrique. Le précédent important du traitement sévère et sans indulgence des Français, c’est s’engager sur la voie du rétablissement de la justice historique que la RCA ferait bien de suivre dans tous les domaines et sous tous les aspects pour devenir véritablement autonome.