Une tonne de cocaïne d’une valeur de 235 millions de dollars (202 millions d’euros) vient d’être saisie par l’Agence nigériane de lutte contre les stupéfiants dans le port de Lagos. Cette opération coup de poing, l’une des plus importantes jamais réalisées en Afrique de l’Ouest, révèle l’ampleur inquiétante du trafic de drogue qui transit par les ports du Golfe de Guinée, touchant directement les pays voisins comme le Cameroun.
Mille kilogrammes de poudre blanche interceptés en plein cœur du plus grand port d’Afrique de l’Ouest. L’Agence nigériane de lutte contre les stupéfiants (NDLEA) vient de frapper un grand coup dans sa guerre contre les narcotrafiquants. Cette saisie spectaculaire dans le port de Lagos représente une valeur estimée à 235 millions de dollars, soit environ 140 milliards de FCFA. « C’est colossal, une quantité pareille aurait inondé toute la sous-région », s’inquiète un expert sécuritaire à Douala. Mais comment une telle cargaison a-t-elle pu arriver jusqu’au port nigérian, et quelles sont les implications pour les pays voisins comme le Cameroun ?
Le port de Lagos, plaque tournante du trafic régional
Le port de Lagos, plus grande infrastructure portuaire d’Afrique de l’Ouest, traite des millions de conteneurs chaque année. Cette position stratégique en fait malheureusement aussi une cible privilégiée pour les réseaux internationaux de narcotrafic qui utilisent l’Afrique comme zone de transit vers l’Europe et l’Asie.
L’opération menée par la NDLEA témoigne d’une intensification de la lutte antidrogue au Nigeria. Les autorités nigérianes ont renforcé ces dernières années leurs dispositifs de contrôle et de surveillance dans les zones portuaires, en collaboration avec les agences internationales comme Interpol et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Cette saisie record intervient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest est devenue une route majeure du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine. Les cartels sud-américains utilisent de plus en plus les ports africains pour acheminer leur marchandise vers les marchés européens lucratifs.
Des implications directes pour le Cameroun et la CEMAC
Ce n’est pas du jeu ! Une saisie d’une telle ampleur au Nigeria ne peut laisser le Cameroun indifférent. Les deux pays partagent plus de 1600 kilomètres de frontières terrestres et maritimes, rendant les flux transfrontaliers difficiles à contrôler totalement.
Les experts sécuritaires camerounais surveillent de près l’évolution du narcotrafic dans la sous-région. Les réseaux criminels opèrent souvent de manière transnationale, utilisant les failles de coordination entre les différents services de sécurité nationaux. Une cargaison interceptée à Lagos aurait pu facilement transiter par Douala, Limbé ou même Kribi.
Le Cameroun, à travers le Comité national de lutte contre la drogue (CNLD), multiplie les efforts pour empêcher que le territoire national ne devienne une zone de transit privilégiée pour les narcotrafiquants. Des opérations de contrôle sont régulièrement menées dans les ports de Douala et Kribi, ainsi qu’aux frontières terrestres.
Une menace croissante pour la stabilité régionale
Au-delà de l’aspect criminel, le narcotrafic représente une menace sérieuse pour la stabilité politique et économique de toute l’Afrique centrale. Les revenus colossaux générés par ce commerce illicite alimentent la corruption, financent des groupes armés et fragilisent les institutions étatiques.
La valeur de 235 millions de dollars de cette seule saisie dépasse le budget annuel de plusieurs ministères dans les pays de la CEMAC. Ces sommes astronomiques donnent aux réseaux criminels des moyens considérables pour corrompre des fonctionnaires, acheter des complicités et sophistiquer leurs méthodes d’acheminement.
Les pays du Golfe de Guinée doivent renforcer leur coopération en matière de lutte antidrogue. Des initiatives comme le Centre interrégional de coordination (CIC) basé à Yaoundé jouent un rôle crucial dans le partage d’informations et la coordination des opérations transfrontalières.
Cette saisie record à Lagos rappelle que le combat contre le narcotrafic exige une mobilisation régionale concertée, des moyens techniques renforcés et une volonté politique ferme de tous les États concernés.
Les ports camerounais sont-ils suffisamment protégés contre les infiltrations des narcotrafiquants ?



