View Kamer

Mouelle Kombi humilie Eto’o ! → 1,8 million € de scandale


Dans un nouveau chapitre de la saga qui oppose depuis des mois les instances dirigeantes du football camerounais, le Ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi vient d’asséner un coup magistral à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) présidée par Samuel Eto’o. En annonçant que l’État va régler les 1,8 million d’euros d’indemnités dues à l’ancien sélectionneur Toni Conceiçao, le gouvernement pointe du doigt l’incompétence présumée de la gestion d’Eto’o, ravivant des tensions qui nuisent gravement à l’image des Lions Indomptables.

Le gouvernement camerounais force la main à la Fecafoot dans l’affaire Conceiçao

L’affaire couvait depuis maintenant trois ans. Limogé en février 2022, le technicien portugais Toni Conceiçao et son staff avaient obtenu gain de cause auprès des instances internationales pour “rupture abusive de contrat”. Mais la Fecafoot, condamnée à verser 1,8 million d’euros, n’a jamais honoré cette dette, plaçant le football camerounais dans une position diplomatique délicate.

Selon le communiqué publié par le ministère des Sports et relayé par 237online.com, c’est finalement l’État camerounais qui va assumer cette charge financière colossale, la Fécafoot “n’ayant pas été en mesure d’exécuter sa condamnation pécuniaire”. Un aveu d’échec pour l’institution dirigée par Samuel Eto’o, qui se retrouve ainsi mise sous tutelle financière à peine déguisée.

Cette intervention du gouvernement n’est pas anodine”, nous confie une source proche du dossier. “C’est une façon pour Mouelle Kombi de reprendre la main sur un dossier qui ternit l’image du Cameroun sur la scène internationale et d’affaiblir considérablement la position d’Eto’o qui se retrouve en position de débiteur vis-à-vis de l’État.”

Pour de nombreux observateurs du football camerounais interrogés par notre rédaction, cette décision gouvernementale, si elle règle une situation d’urgence, révèle surtout l’ampleur des dysfonctionnements au sein de la Fecafoot. Comment une fédération qui bénéficie des subsides de la FIFA et de la CAF, ainsi que des revenus liés aux compétitions, peut-elle se retrouver incapable d’honorer ses engagements financiers ?

Tensions explosives entre Narcisse Mouelle Kombi et Samuel Eto’o

Le ministre des Sports n’a pas manqué l’occasion de glisser un tacle appuyé à la Fecafoot dans son communiqué, invitant l’institution “à une gestion moins primesautière et plus responsable” pour éviter “des dépenses supplémentaires inutiles”. Une pique que Samuel Eto’o n’a visiblement pas digérée, la Fecafoot répliquant immédiatement en dénonçant un message de “provocation et d’insultes”.

Ce nouvel épisode s’inscrit dans un conflit plus large qui oppose les deux hommes depuis l’arrivée d’Eto’o à la tête de la fédération. Le point culminant de cette guerre d’influence concerne le choix du sélectionneur des Lions Indomptables. La nomination du Belge Marc Brys par le ministère des Sports en avril dernier avait provoqué la fureur d’Eto’o, qui avait tenté d’imposer son propre candidat.

C’est un véritable bras de fer qui se joue entre deux egos surdimensionnés”, analyse un ancien international camerounais qui préfère garder l’anonymat. “D’un côté, Eto’o qui, fort de sa carrière prestigieuse, estime avoir carte blanche pour diriger le football camerounais à sa guise. De l’autre, Mouelle Kombi qui, représentant l’autorité gouvernementale, considère que les questions sportives relèvent en dernier ressort de sa compétence.”

Cette querelle de territoire prend des allures de feuilleton sans fin, avec des rebondissements quasi hebdomadaires qui fragilisent la préparation des Lions Indomptables pour les prochaines échéances. Comment espérer des résultats sportifs à la hauteur des attentes quand les instances dirigeantes passent plus de temps à se tirer dans les pattes qu’à travailler ensemble pour le bien du football national ?

Dans sa contre-attaque, la Fecafoot a touché un point sensible en affirmant que le limogeage de Toni Conceiçao n’était pas uniquement de son fait, mais que “la décision de résiliation du Portugais avait été actée au plus haut niveau, par le président Paul Biya“. Une manière à peine voilée de suggérer que le ministère des Sports porte également une part de responsabilité dans cette coûteuse rupture de contrat.

Si cette allégation est exacte, elle illustre parfaitement le problème fondamental du football camerounais : l’ingérence permanente du pouvoir politique dans les affaires sportives, en contradiction flagrante avec les principes d’indépendance promus par la FIFA. Cette gouvernance à plusieurs têtes, où l’État, la fédération et même la présidence se disputent les prérogatives, crée un environnement chaotique peu propice au développement.

Le vrai perdant dans cette histoire, c’est le football camerounais”, se désole un entraîneur de Ligue 1 locale. “Pendant qu’on se dispute pour savoir qui commande, nos infrastructures restent défaillantes, nos championnats manquent de sponsors, et nos jeunes talents s’expatrient dans des conditions souvent douteuses.”

L’affaire Conceiçao, qui coûte désormais 1,8 million d’euros aux contribuables camerounais, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ces dernières années, la valse des entraîneurs à la tête des Lions Indomptables a atteint des proportions inquiétantes : Clarence Seedorf, António Conceição, Rigobert Song, Marc Brys… Chaque changement s’accompagne de dédommagements coûteux et d’une perte de continuité sportive.

Le cas Conceiçao est d’autant plus emblématique que son bilan sportif n’était pas catastrophique, avec notamment une troisième place lors de la CAN 2021 organisée au Cameroun. Mais les considérations politiques et les jeux d’influence l’ont emporté sur la logique sportive, aboutissant à ce gâchis financier et sportif.

Alors que le Cameroun ambitionne d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations 2027, cette crise de gouvernance envoie un signal préoccupant quant à la capacité du pays à gérer efficacement une compétition majeure. Les instances continentales et internationales ne manqueront pas d’observer avec attention l’évolution de ce conflit entre la Fecafoot et le ministère.

Samuel Eto’o, dont la légitimité sportive est incontestable mais dont l’inexpérience administrative est patente, saura-t-il faire preuve d’humilité et accepter de travailler en harmonie avec les autorités gouvernementales ? Narcisse Mouelle Kombi, fort de cette victoire tactique dans l’affaire Conceiçao, acceptera-t-il de laisser plus d’autonomie à la Fecafoot sur les questions purement sportives ?

De la réponse à ces questions dépend l’avenir immédiat du football camerounais, qui ne peut se permettre de gaspiller davantage d’énergie et de ressources dans des conflits stériles. Les supporters des Lions Indomptables, eux, n’attendent qu’une chose : que leur équipe nationale retrouve sa place au sommet du football africain, loin des polémiques et des guerre d’ego.

Par Jean-Paul Dzomo Nana pour 237online.com



Source link

View Kamer

FREE
VIEW