Neuf années se sont écoulées depuis la mort tragique de Monique Koumatekel à l’hôpital Laquintinie de Douala, mais sa mère Sen Annette Plastide attend toujours que justice soit rendue. Le 12 mars 2016, cette jeune femme enceinte de jumeaux décédait aux portes de la maternité dans l’indifférence du personnel médical. Un drame qui avait bouleversé tout le Cameroun, mais qui semble aujourd’hui tombé dans l’oubli des autorités.
Promesses non tenues : l’État abandonne la famille
«Quand quelqu’un arrivera à Yabassi, il verra la tombe de Monique, on ne pourra pas la manquer», avait promis André Mama Fouda, ministre de la Santé publique, en 2016. Huit ans plus tard, seule une tombe en terre battue, rongée par les intempéries, témoigne encore de cette tragédie.
Sen Annette Plastide élève désormais seule les trois filles de sa défunte fille, âgées de 25, 16 et 9 ans. L’aînée a abandonné ses études pour apprendre la coiffure. «Si je ne vais pas aux champs, je ne m’en sors pas», confie cette grand-mère qui cultive des bâtons de manioc pour survivre.
En dehors d’une aide ponctuelle de 1,2 million de francs CFA versée pour les obsèques, l’État n’a fourni aucune assistance. Seule la solidarité privée permet à cette famille de tenir : «Chaque 6 du mois, les enfants reçoivent chacun 5 000 francs CFA, et moi 35 000», grâce à une généreuse Camerounaise.
Justice bloquée : procès sans suite à Douala
Le collectif d’avocats qui avait saisi le tribunal pénal de Douala s’est heurté à un mur. «À chaque audience, seuls les avocats se présentaient», raconte Sen Annette Plastide. Me Guy-Olivier Moteng, membre du collectif, explique : «Nous considérions que l’État avait commis une faute par l’intermédiaire des agents de l’hôpital Laquintinie».
Mais selon Me Dominique Fousse, un membre de la famille aurait fait pression pour bloquer toute action contre les autorités publiques, craignant pour sa carrière. Résultat : aucune responsabilité n’a été établie, aucune sanction prononcée.
Le drame reste gravé dans la mémoire de Sen Annette Plastide. Ce 12 mars 2016, malgré les suppliques de la famille, le personnel de Laquintinie refuse de soigner Monique. «Le second jumeau respirait encore» quand Rose Tacke, la tante, tente une césarienne de fortune avec une lame de bistouri sur la terrasse de la morgue.
Ces images insoutenables, filmées et relayées sur les réseaux sociaux, avaient provoqué une onde de choc nationale. Aujourd’hui, tout semble oublié. Pour cette mère courage, il ne reste que l’amertume et l’impression douloureuse que l’histoire de sa fille s’efface petit à petit.
La tragédie de Monique Koumatekel restera-t-elle à jamais impunie au Cameroun ?