Une onde de choc a traversé le célèbre marché Mboppi de Douala ce matin après qu’un commerçant a été victime d’une agression à l’arme blanche. Cet incident, qui a provoqué la fermeture immédiate de nombreuses échoppes, illustre la montée inquiétante de l’insécurité dans ce poumon économique de la capitale économique du Cameroun.
Le règne de la terreur des gangs à Mboppi
Selon les informations recueillies par 237online.com, l’attaque n’aurait rien d’un fait isolé. Le commerçant Aboubakar aurait été poignardé à l’épaule par un certain “Taiga“, chef d’un gang notoire qui sévit depuis des mois dans l’enceinte du marché. Ce groupe, bien connu des forces de l’ordre selon plusieurs témoignages, opère en toute impunité, terrorisant quotidiennement commerçants et clients.
“Ces bandits n’ont aucune crainte. Ils rackettent, menacent et maintenant poignardent en plein jour”, confie Amadou, vendeur de tissus dont l’échoppe se trouve à quelques mètres du lieu de l’incident. “Chaque jour, nous venons travailler la peur au ventre, sans savoir si nous rentrerons sains et saufs chez nous.”
L’agression d’aujourd’hui aurait pu dégénérer en affrontement généralisé lorsque des proches de la victime sont accourus sur les lieux pour exercer ce que les Camerounais appellent communément “le retour” – une forme de vengeance expéditive. L’intervention rapide de la gendarmerie a heureusement permis d’éviter un bain de sang.
Des autorités accusées de complaisance
Ce qui choque particulièrement dans cette affaire, c’est l’apparente inaction des forces de sécurité censées assurer l’ordre dans ce marché fréquenté quotidiennement par des milliers de personnes. Plusieurs commerçants pointent du doigt le chef de poste de Mboppi, accusé de “laxisme flagrant” face aux exactions des bandes organisées.
“Comment expliquer que ‘Taiga’ et ses acolytes soient si bien identifiés et pourtant jamais inquiétés ?”, s’interroge Joséphine, vendeuse de condiments présente lors de l’incident. “Il y a forcément des complicités à un certain niveau.”
La présence du sous-préfet sur les lieux de l’agression témoigne de la gravité de la situation, mais suscite également des questions sur l’efficacité des mesures prises jusqu’à présent pour sécuriser ce lieu névralgique de l’économie doualaise.
Un appel à l’auto-organisation des commerçants
Face à cette insécurité chronique, un mouvement semble s’amorcer parmi les commerçants de Mboppi. Plusieurs leaders communautaires appellent à une organisation collective pour “mettre ces gangs hors d’état de nuire une bonne fois pour toutes”, en l’absence de réponse adéquate des autorités.
Si la victime du jour devrait s’en sortir – la blessure à l’épaule n’étant apparemment pas mortelle – l’incident laisse néanmoins planer une atmosphère de tension palpable sur le marché. Dans ce contexte, les prochains jours seront décisifs pour déterminer si les autorités prendront enfin les mesures nécessaires pour restaurer la sécurité, ou si les commerçants devront effectivement prendre leur destin en main.
