Maurice Kamto, principal opposant à Paul Biya, se voit refuser sa candidature pour la présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025. ELECAM a prononcé le rejet lors de la proclamation officielle du 26 juillet à Yaoundé, créant une onde de choc politique sans précédent. Le conflit autour de la direction du MANIDEM scelle le sort de celui qui avait défié le pouvoir en 2018. Une décision qui redessine complètement la carte électorale camerounaise.
MANIDEM: Le piège de la double investiture
La bataille pour le contrôle du MANIDEM aura coûté cher à Maurice Kamto. Deux candidatures rivales se réclamaient du même parti : celle de l’ancien leader du MRC et celle de Dieudonné Yebga. Cette situation inédite a plongé les 18 membres du conseil électoral dans un débat à huis clos particulièrement tendu.
« Les échanges ont été bienveillants, mais la question juridique était complexe », confie un participant aux délibérations. ELECAM a refusé de trancher sur la légitimité des dirigeants de partis, renvoyant la responsabilité à la justice.
Le nom d’Anicet Ekane, président officiel du MANIDEM selon les fichiers d’ELECAM, a mystérieusement disparu du site du ministère de l’Administration territoriale quelques heures avant l’examen des dossiers. Une coïncidence qui alimente les soupçons de manœuvres orchestrées.
Un dispositif sécuritaire exceptionnel déployé
Le palais de l’Unité anticipe les tensions. Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la présidence, a convoqué les dix gouverneurs de région pour coordonner le maintien de l’ordre. Dès le 25 juillet, les artères de Yaoundé et Douala étaient quadrillées par les forces de sécurité.
Cette mobilisation exceptionnelle témoigne de l’inquiétude du pouvoir face aux menaces proférées par les partisans de Kamto. « Des représailles contre les hauts responsables » avaient été évoquées en cas d’éviction.
Au siège du MRC à Yaoundé, des agents en civil surveillent discrètement depuis plusieurs heures. Même atmosphère tendue autour du siège du MANIDEM à Douala, où Anicet Ekane se voit interdire de conférence de presse.
Kamto mise sur la voie légale
Face à cette éviction, Maurice Kamto choisit la contestation juridique. Entouré de ses avocats à son domicile de Yaoundé, il prépare activement son recours devant le Conseil constitutionnel. Les candidats rejetés disposaient de 72 heures pour agir.
« Un complot en cours », dénonce Anicet Ekane, appelant néanmoins ses partisans au calme. La stratégie semble claire : éviter tout débordement qui pourrait nuire à la procédure d’appel.
Dieudonné Yebga, l’autre prétendant du MANIDEM, dépose également un recours. Cet ancien représentant de la société civile bénéficie de soutiens discrets mais significatifs. Il ignore pour l’heure les sollicitations des pro-Kamto pour un retrait de candidature.
La liste définitive des 13 candidats retenus avait fuité sur les réseaux sociaux dès le 24 juillet, alimentant les accusations d’absence d’indépendance d’ELECAM.
Les trois quarts des candidatures écartées l’ont été pour défaut de paiement de la caution de 30 millions de francs CFA. Un filtre financier qui a notamment éliminé Chantal Adélaïde Tagne Membouet et plusieurs candidats UPC.
Cette éviction bouleverse totalement les équilibres politiques camerounais. Sans son principal challenger, Paul Biya se retrouve face à une opposition affaiblie et fragmentée.
Le Conseil constitutionnel aura-t-il le courage de renverser la décision d’ELECAM et de réintégrer Maurice Kamto dans la course présidentielle ?