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Mali : Un universitaire en prison pour un livre critique


Dans un nouvel épisode inquiétant qui illustre le recul des libertés en Afrique de l’Ouest, la justice malienne vient de confirmer en appel la condamnation de l’universitaire Étienne Fakaba Sissoko à deux ans de prison dont un ferme, pour avoir osé publier un livre critique sur la communication de la junte.

Cette décision rendue le 16 décembre 2024 soulève l’indignation de la communauté universitaire africaine. Comme le souligne un expert en droit international, “condamner un universitaire pour avoir analysé la communication d’un régime constitue une violation flagrante des libertés académiques et d’expression.”

Le “crime” de Sissoko ? Avoir publié aux éditions L’Harmattan un ouvrage qui décortique les méthodes de communication de la junte d’Assimi Goïta, les qualifiant de “propagande” et de “manipulation“. Une analyse qui lui vaut aujourd’hui d’être poursuivi pour “atteinte au crédit de l’État”,injures” et “diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique”.

La dérive autoritaire d’un régime qui ne tolère aucune critique

Cette condamnation s’inscrit dans un contexte plus large de répression de toute voix dissidente au Mali. Ancien conseiller du président Ibrahim Boubacar Keïta et ex-analyste de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), Étienne Fakaba Sissoko représente cette élite intellectuelle qui refuse de se taire face aux dérives du pouvoir.

Le professeur de la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako avait déjà fait l’expérience de la prison en 2022. Son retour derrière les barreaux confirme la détermination de la junte à faire taire toute analyse critique de son action.

Un signal d’alarme pour la liberté académique en Afrique

Cette affaire résonne comme un avertissement pour l’ensemble de la communauté universitaire africaine. La condamnation de Sissoko pose une question cruciale : les chercheurs et universitaires peuvent-ils encore exercer leur mission d’analyse critique sans risquer la prison ?

L’absence de date pour son procès en appel, maintes fois reporté, ajoute à l’arbitraire de la situation. Une stratégie qui vise manifestement à maintenir l’universitaire en détention le plus longtemps possible, privant ainsi le débat public d’une voix critique essentielle.

Cette affaire rappelle tristement que la liberté académique reste fragile sur le continent, où certains régimes préfèrent l’emprisonnement au débat d’idées.

Par Jean-Paul Dzomo Nana pour 237online.com



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