(Investir au Cameroun) – Les autorités ukrainiennes ont annoncé le 11 juillet 2024 la saisie du navire Usko MFU, un cargo battant pavillon camerounais, qu’elles accusent d’avoir transporté des céréales en provenance de la Crimée occupée par la Russie, selon le site de la Radio-télévision belge de la communauté française (RTBF). D’après la même source, le capitaine azerbaïdjanais de ce navire est accusé d’avoir enfreint la loi ukrainienne qui interdit d’entrer ou de sortir des territoires ukrainiens occupés par la Russie, dont la Crimée.
Les services de sécurité ukrainiens ont précisé que douze autres membres d’équipage non ukrainiens étaient à bord. Le navire a été arraisonné alors qu’il se trouvait dans les eaux roumaines du Danube et se dirigeait vers la mer Noire. Il est actuellement chargé d’orge à destination du port de Souda en Grèce. Selon le bureau du procureur général d’Ukraine, « le Usko MFU est entré à deux reprises au moins dans le port de Sébastopol, principal port de la péninsule de Crimée, après avoir désactivé son système AIS permettant de le suivre ».
Le bureau du procureur général d’Ukraine précise que la première fois, en novembre 2023, le navire était reparti chargé de 3 000 tonnes de produits agricoles pour le compte d’une entreprise turque. Fin mai 2024, poursuit-il, le navire est entré dans le port de Sébastopol pour la seconde fois, où il a déchargé des marchandises en provenance de Turquie. « Puis il a quitté le port, indiquant comme destination Istanbul. Toutefois, après avoir réactivé son AIS, le 2 juillet, le navire est entré dans un port de Moldavie ».
Cette opération illustre les enjeux maritimes du conflit russo-ukrainien. Elle intervient trois mois après l’annonce des autorités camerounaises de suspendre, pour une période de six mois renouvelables, les immatriculations des engins flottants naviguant hors des eaux territoriales camerounaises. Dans un communiqué signé le 22 avril dernier, le ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, précisait qu’un recensement physique de ces engins opérant sous le pavillon camerounais serait réalisé pendant cette période afin de procéder à la numérisation du registre des immatriculations.
La décision ministérielle faisait suite à l’audience qu’il avait accordée le 14 mars dernier au Haut-Commissaire du Royaume-Uni au Cameroun, Barry Lowen, venu exprimer les préoccupations de l’Organisation maritime internationale (OMI) au sujet des activités de certains « navires fantômes » battant pavillon camerounais. Il s’agit des bateaux qui ne respectent pas les réglementations internationales et les meilleures pratiques, souvent sans assurance et évitant délibérément les inspections. L’OMI soupçonne ces bateaux de faire partie de la flotte utilisée par la Russie pour exporter son pétrole et le vendre à plus de 60 dollars le baril, contournant ainsi les sanctions imposées à la Russie par les pays du G7 (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon, Canada), l’Union européenne et l’Australie.
Frédéric Nonos
Lire aussi :