(Investir au Cameroun) – La loi de finances 2026 relève sensiblement les droits d’accises sur les véhicules importés les plus anciens au Cameroun, avec une grille désormais progressive. L’objectif est d’élargir l’assiette fiscale et de soutenir les recettes publiques tout en orientant la demande vers des véhicules plus récents et électriques. Mais le rajeunissement d’un parc dont l’âge moyen atteint 18 ans reste conditionné à des réformes plus profondes en matière de fiscalité, d’industrie et de pouvoir d’achat.
La loi de finances 2026 alourdit les droits d’accises applicables aux véhicules importés en instaurant un taux de 12,5 % pour les voitures de plus de 12 ans à 20 ans et de 25 % pour celles de plus de 20 ans. Cette mesure couvre l’ensemble des catégories de véhicules (tourisme, utilitaires, bus, remorques…). Jusqu’ici, les véhicules de 0 à 15 ans étaient soumis à un taux uniforme de 12,5 %, tandis que ceux de 20 ans et plus étaient taxés à 25 %.
En relevant les droits d’accises sur les véhicules les plus vieux, l’État élargit son assiette fiscale afin de doper ses recettes tout en rendant moins attractives les importations de modèles très âgés. Cette inflexion intervient dans un contexte où l’âge moyen du parc circulant est de 18 ans, selon la Direction générale des douanes (DGD). D’après cette administration du ministère des Finances, le Cameroun comptait entre 1,6 et 2 millions de véhicules d’occasion en 2023, dont plus de 92 % âgés de plus de 15 ans.
Incitations aux véhicules récents et électriques
Pour encourager l’achat de véhicules moins âgés, le gouvernement avait déjà, en 2019, profité des APE avec l’Union européenne (UE) pour procéder à une réduction totale des tarifs douaniers sur les importations de véhicules de moins de 10 ans. Cette baisse des droits de douane visait à rendre plus compétitifs les modèles récents face aux véhicules anciens, mieux positionnés en prix d’achat mais plus gourmands en entretien et en carburant.
En parallèle, l’État exonère depuis 2025 les droits d’accises sur les véhicules électriques importés. Il a institué, pour une période de vingt-quatre mois, un abattement de 50 % sur la valeur imposable des véhicules et motocycles à moteurs électriques importés à l’état neuf, ainsi que sur leurs batteries et bornes de recharge. L’objectif est d’encourager l’acquisition de véhicules électriques considérés comme « propres », au détriment des véhicules thermiques plus polluants, en soutien à la protection de l’environnement.
Malgré ces mesures incitatives, combinées à une présence massive des concessionnaires, le marché automobile national reste dominé par des importations de véhicules relativement âgés. La valeur de ces importations a progressé de 12 % entre 2021 et 2024 pour atteindre 105,7 milliards FCFA, selon l’Institut national de la statistique (INS).
Au-delà des seules mesures fiscales et tarifaires, le rajeunissement durable du parc automobile camerounais suppose des réformes politiques et économiques jugées audacieuses. Il s’agit notamment de mettre en place une fiscalité suffisamment attractive pour permettre aux investisseurs de créer une industrie automobile locale, de développer une main-d’œuvre qualifiée pour la faire fonctionner, et de relever le pouvoir d’achat afin de permettre aux Camerounais de se procurer des véhicules neufs.
Frédéric Nonos
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