Alors que plus de 200 incidents post-électoraux ont été recensés depuis la proclamation des résultats du 12 octobre 2025, un courrier officiel du Sénégal crée la surprise : le président Bassirou Diomaye Faye a adressé ses félicitations à Paul Biya pour sa réélection contestée. Datée du 30 octobre, la lettre évoque une « amitié fraternelle » et un engagement à renforcer la coopération entre Dakar et Yaoundé.
Dans un contexte aussi explosif, ce geste diplomatique peut-il modifier la dynamique déjà tendue de la crise post-électorale ?
Un message diplomatique qui surprend Yaoundé
Le ton chaleureux de Bassirou Diomaye Faye contraste avec la prudence générale d’autres chefs d’État africains. Dans sa lettre, le président sénégalais félicite son « frère » Paul Biya, lui souhaitant succès et santé dans la poursuite de sa mission.
Un message formel, certes, mais lourd de symboles au moment où :
- l’opposition poursuit la contestation,
- plusieurs ONG dénoncent des arrestations jugées abusives.
« Pourquoi ce soutien maintenant ? », s’interroge un politologue joint par 237online.com.
« Dakar semble vouloir garder une cohérence diplomatique, mais le risque de mauvaise lecture locale est réel. »
Les enjeux derrière cette lettre de Diomaye Faye
1. Un respect du protocole africain
Dans la tradition diplomatique, féliciter un président réélu est courant. Sénégal et Cameroun coopèrent déjà sur :
- la sécurité maritime,
- les échanges économiques,
- les positions communes à l’Union africaine.
La lettre peut donc être vue comme une formalité nécessaire.
2. Une affirmation stratégique de Dakar
Depuis le début de son mandat, Bassirou Diomaye Faye s’affirme davantage sur la scène africaine. Son message peut viser :
- à consolider un réseau de partenaires continentaux,
- à afficher une diplomatie autonome,
- à se distancier des influences extérieures.
3. Une tentative de stabilisation régionale
Plusieurs analystes estiment que Dakar cherche à éviter un effet domino dans une région déjà fragile.
« L’Afrique centrale ne peut pas se permettre un embrasement », commente un économiste de la CEMAC.
« Le Sénégal envoie peut-être un signal d’apaisement. »
Des réactions mitigées chez les Camerounais
Sur les réseaux sociaux, la lettre divise.
En résumé :
- certains dénoncent un « soutien mal placé »,
- d’autres rappellent que « la diplomatie n’est pas l’émotion »,
- une partie de la jeunesse pense que Dakar « n’a pas compris la profondeur de la crise ».
Mais d’autres soulignent que le Sénégal défend peut-être la stabilité plus que la politique intérieure camerounaise.
La lettre inattendue de Bassirou Diomaye Faye s’ajoute à un paysage post-électoral déjà tendu. Souhait protocolaire ? Soutien politique ? Signal de stabilisation ?
Une chose est sûre : ce geste diplomatique nourrit les débats et interroge sur la perception extérieure de la crise camerounaise.



