Lettre de Macron à Paul Biya datée du 30 juillet 2025 révèle une reconnaissance historique officielle de la guerre menée par la France au Cameroun. Ce courrier diplomatique rendu public ce mardi 12 août marque un tournant mémoriel majeur dans les relations franco-camerounaises. Le président français assume désormais explicitement « le rôle et la responsabilité de la France » dans les violences répressives exercées avant et après l’indépendance de 1960. Une correspondance présidentielle qui brise enfin un tabou diplomatique vieux de plus de 60 ans.
Contenu explosif : aveux officiels dans courrier présidentiel
Cette lettre de Macron à Paul Biya s’appuie sur les conclusions accablantes du rapport de la commission mixte franco-camerounaise remis en janvier 2025. « Une guerre avait eu lieu au Cameroun, au cours de laquelle les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de nature multiple », écrit explicitement le chef de l’État français.
Le document officiel étend cette reconnaissance au-delà de la période coloniale. « La guerre s’est poursuivie au-delà de 1960 avec l’appui de la France aux actions menées par les autorités camerounaises indépendantes », précise Emmanuel Macron dans sa correspondance diplomatique.
Le rapport de 1000 pages dirigé par l’historienne Karine Ramondy fournit les preuves historiques de ces affirmations. « Le nombre de combattants tués entre 1956 et 1962 s’élève à quelque 7 500 individus », selon les estimations militaires officielles citées.
Ces chiffres pourraient en réalité atteindre « plusieurs dizaines de milliers » de victimes camerounaises. La répression française visait particulièrement l’Union des populations du Cameroun (UPC) et ses leaders emblématiques comme Ruben Um Nyobe.
Portée diplomatique : correspondance présidentielle historique
Cette lettre de Macron à Paul Biya s’inscrit dans la politique mémorielle africaine du président français après les rapports sur le Rwanda et l’Algérie. « Il me revient d’assumer aujourd’hui le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements », déclare solennellement Emmanuel Macron.
Cette correspondance officielle fait suite aux travaux lancés en juillet 2022 pour « faire la lumière sur la lutte contre les mouvements indépendantistes entre 1945 et 1971 ». L’engagement présidentiel d’« ouvrir nos archives en totalité » se concrétise par cette reconnaissance.
Mathieu Njassep, président de l’Association des vétérans du Cameroun, réagit positivement tout en réclamant des réparations. « La France a commis beaucoup de crimes au Cameroun. Elle peut payer des réparations », déclare-t-il après cette révélation diplomatique.
La chercheuse Karine Ramondy salue cette reconnaissance « très attendue » qu’elle qualifie de « réparation symbolique très forte ». Cette avancée pourrait ouvrir la voie à des réparations concrètes encore non évoquées.
Cette lettre de Macron à Paul Biya vise officiellement à « renforcer la relation étroite qui unit la France et le Cameroun ». Cette réconciliation mémorielle intervient stratégiquement alors que le président camerounais brigue un huitième mandat le 12 octobre prochain.
Cette correspondance présidentielle suffira-t-elle à tourner définitivement la page du contentieux historique ?