Kouokam Narcisse ► Mort humoriste légende 63 ans !


Kouokam Narcisse s’est éteint dans la nuit du 9 au 10 août 2025 au CHU de Yaoundé à l’âge de 63 ans des suites de complications post-opératoires. Le génie de l’humour camerounais qui a fait rire pendant 38 ans tire définitivement sa révérence après 18 jours de coma. Cette disparition brutale plonge tout le Cameroun dans une profonde tristesse et déclenche une vague d’hommages émouvants. Une légende de la satire africaine qui laisse un héritage artistique inestimable.

Disparition tragique : complications chirurgicales fatales

Kouokam Narcisse succombe à 2h du matin suite à des complications médicales imprévues. « Papa a été opéré. Les complications qui ont suivi cette opération l’ont plongé dans le coma pendant 18 jours », confie son fils Franklin Kouokam à Equinoxe TV avec une émotion palpable.

Cette fin brutale contraste cruellement avec la joie de vivre légendaire de l’artiste. « 30 ans d’amitié, de fraternité et de fidélité fracassés par une banale chirurgie », déplore Morgan Palmer sur Facebook, annonçant une émission hommage spéciale.

L’annonce de cette disparition a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux camerounais. Les témoignages affluent de partout pour saluer la mémoire de cet homme exceptionnel qui a marqué des générations entières.

« Tu nous fais tellement pleurer pour ne plus jamais nous faire rire », commente avec amertume Bergeline Domou, activiste de la société civile, résumant parfaitement l’émotion collective face à cette perte irréparable.

Héritage artistique exceptionnel : 38 ans de génie comique

Kouokam Narcisse laisse derrière lui un patrimoine culturel inestimable forgé depuis 1974. Né le 29 mars 1962 à Bafoussam, il manifeste très tôt un esprit vif et une facilité naturelle à déclencher le rire dès l’école publique de Tsinga.

Ses sketches légendaires comme « Le match Nord-Sud », « Le Mbongo Tchobi », « Ahmed au Paradis » ou « Appelez-moi honorable » resteront gravés dans la mémoire collective camerounaise. « Le téléphone circulaire » et « Le match d’or de l’année » illustrent parfaitement son génie satirique intemporel.

« Maîtrisé l’art de tendre à la société camerounaise un miroir implacable : chaque éclat de rire qu’il provoquait révélait une vérité qui piquait là où ça fait mal », analyse Alexandre Siewe, expert en communication stratégique. Cette capacité unique à allier divertissement et critique sociale définit parfaitement son œuvre.

L’artiste excellait dans la dénonciation de l’opportunisme politique avec une finesse remarquable. « Le Discours dort » reste d’une étonnante actualité, témoignant de sa vision prophétique des travers sociétaux camerounais.

Reconnaissance unanime : pluie d’hommages émouvants

Les témoignages convergent tous vers la même admiration pour Kouokam Narcisse. « Que la terre de nos ancêtres te soit légère ; tu ne fais que nous devancer », écrit Valery Ndongo avec une émotion sincère sur Facebook.

Annie Payep-Nlepe, directrice de Télé’Asu, garde le souvenir d’un homme élégant. « Je l’appelais affectueusement le père : il était de cette trempe d’humoristes qui savent mettre les mots sur nos maux avec finesse », témoigne-t-elle avec nostalgie.

Tagne Kondom partage sur Radio Balafon des conseils précieux du maître : « Vous êtes jeunes, démarquez-vous sans imiter, il y a tellement de sujets que chacun pourrait trouver son compte ». Cette philosophie artistique inspirera longtemps les nouvelles générations d’humoristes.

Jacques Mathurin Ze souligne la diversité culturelle exceptionnelle de l’artiste : « Un distributeur de bonne humeur s’en est allé… Il suffisait de le côtoyer pour découvrir la diversité de sa culture intrinsèque ». Cette richesse intellectuelle nourrissait constamment sa créativité débordante.

Parcours exceptionnel : de Tsinga à la reconnaissance internationale

L’ascension de Kouokam Narcisse débute dès le collège avec « La voiture diplomatique », performance devenue référence dans son répertoire. Admirateur d’Ambroise Mbia, il forge un style personnel alliant satire et observation sociale fine.

Son entrée médiatique survient dans les années 1980 grâce à l’émission « Roue Libre » de Lucien Mamba sur Radio Cameroun. Il évolue aux côtés d’Essindi Mindja, Ottou Marcellin, Claude Ndam et Coco Ateba dans un environnement culturel foisonnant.

En 1985, sa carrière franchit un palier décisif avec une invitation sur la télévision ivoirienne qui lui apporte une reconnaissance internationale méritée. Il devient avec François Misse Ngoh l’un des premiers artistes de l’émission culte « Tam-Tam Week-end ».

Sportif accompli, il excelle au volleyball en flirtant avec l’équipe nationale avant de choisir définitivement la scène. En 1984, il enregistre son premier disque vinyle au studio Satel à Cotonou, multipliant les productions mêlant humour et critique sociale.

Activités parallèles : homme aux multiples talents

Au-delà de la scène, Kouokam Narcisse exerce comme chargé des relations publiques à la SOTUC et responsable communication au Crédit Agricole du Cameroun. Cette expérience professionnelle enrichit considérablement sa compréhension des réalités socio-économiques camerounaises.

Auteur de l’ouvrage « J’apprends vite à rire », « mon livre unique de comique », il partage généreusement ses secrets artistiques. Passionné de blues, il chante également à ses heures perdues, révélant une sensibilité musicale insoupçonnée.

Henry Maître Kouokam témoigne de ses qualités humaines exceptionnelles : « D’une rare bonté, d’une disponibilité incomparable, d’une humilité intrigante, d’une intelligence imperceptible ! Ce n’était pas un comique ; c’était un génie ».

Albert Hilaire Momo garde le souvenir du voisin bienveillant : « Pour moi, il était le voisin de mon enfance, le grand frère de ma jeunesse, celui qui savait trouver le mot qui apaise ». Ces témoignages révèlent la dimension humaine touchante de l’artiste.

Après avoir célébré ses 35 ans de carrière en 2019, Kouokam Narcisse se faisait plus rare sur les scènes. Cette absence définitive laisse un vide immense dans le paysage culturel camerounais et africain.

Comment les nouvelles générations d’humoristes pourront-elles perpétuer l’héritage artistique de ce génie intemporel ?



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