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Jean De Dieu Momo ► les 3 leçons du scrutin 2025


Dans une analyse à la fois lucide et critique, le ministre délégué à la Justice, Dr Jean De Dieu Momo, par ailleurs président du PADDEC et allié du RDPC, tire les grandes leçons de la présidentielle du 12 octobre 2025.
Selon lui, cette élection marque « un tournant décisif » pour le Cameroun et révèle « un peuple qui aspire à plus de justice, d’efficacité et de transparence ». Il appelle la majorité à une introspection et l’opposition à conjuguer ambition et sens de l’État. Mais quelles leçons retenir vraiment de ce scrutin historique ?

1️⃣ Une victoire serrée pour Paul Biya : signe d’un électorat en mutation

Le Dr Momo note d’abord que la victoire du président Paul Biya, réélu avec 53,66 % des voix contre 71 % en 2018, traduit un recul significatif de la base électorale du RDPC.
« Cette érosion de 18 % n’est pas anodine », souligne-t-il, y voyant une alerte pour la majorité présidentielle.
Pour lui, cette baisse traduit un essoufflement de la confiance populaire et impose un aggiornamento :

« Ce septennat doit être perçu non comme un aboutissement, mais comme un point de départ d’une nouvelle ère politique », insiste-t-il.

L’ancien avocat rappelle que seule une gouvernance plus efficace et plus proche du peuple permettra de reconquérir les électeurs déçus et de préserver la stabilité nationale.

2️⃣ L’union de l’opposition : un signal fort du changement

Deuxième leçon : la percée d’Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième avec 35,19 % des voix, après avoir réussi une union surprise de plusieurs partis d’opposition à la veille du scrutin.
Selon Jean De Dieu Momo, cette performance démontre que le désir d’alternance existe réellement au Cameroun.

« Si cette coalition s’était formée un mois plus tôt, la majorité aurait affronté une épreuve électorale bien plus rude », analyse-t-il.

Toutefois, le ministre tempère : le discours d’Issa Tchiroma, promettant un “mandat de transition de trois ans”, relevait davantage du marketing politique que d’une vision structurée du changement.

3️⃣ La tentation de la rue : dérive et danger pour la République

La troisième leçon, selon Momo, est la plus préoccupante : le refus de l’opposition d’utiliser les voies légales de recours.
Avant même la proclamation officielle des résultats, Issa Tchiroma aurait rejeté les résultats provisoires et appelé à manifester, provoquant des incidents violents dans plusieurs villes.

« En refusant de saisir le Conseil constitutionnel, il s’est privé de tout recours légitime, même sur le plan international », rappelle le ministre.
Il cite le principe d’épuisement des voies de recours internes, condition préalable à toute saisine internationale.

Jean De Dieu Momo met en garde :

« La démocratie ne peut être instrumentalisée pour semer le chaos. La responsabilité d’un homme politique, c’est de canaliser la colère du peuple, pas de l’alimenter. »

Un message d’avenir : gouverner autrement

En conclusion, le ministre affirme que le Cameroun entre dans une phase cruciale :

« Les sept prochaines années doivent être celles du renouveau du contrat social, d’une gouvernance plus proche des citoyens et d’une consolidation de la paix. »

Il évoque aussi l’espoir suscité par l’exploitation imminente des gisements miniers, promettant des milliers d’emplois pour les jeunes, à condition de « neutraliser les goulots d’étranglement administratifs » et de privilégier l’intérêt général.



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