(Investir au Cameroun) – Le 31 octobre 2025, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a lancé les appels d’offres du volet « connectivité rurale » du Projet d’accélération de la transformation numérique (Patnuc). Financé à hauteur de 55 milliards de FCFA par la Banque mondiale, ce programme engagé depuis 2023 vise à connecter, d’ici 2028, 328 localités aujourd’hui non desservies en 3G.
L’objectif est de résorber une part significative de la fracture numérique en ciblant les « zones blanches ». « La cérémonie de ce jour concerne le lancement solennel des appels d’offres relatifs à cette activité qui constitue la première étape de sa réalisation après l’obtention de l’avis de non-objection émis par la Banque mondiale », a précisé la ministre.
Selon Windfred Mfuh Fuaye Kenji, coordonnateur national du Patnuc, le dispositif retient un dossier d’appel d’offres national restreint (DAONR) à deux enveloppes : 120 sites en tranche ferme et 208 sites en tranche conditionnelle, pour une exécution visée avant le 30 décembre 2026. Le projet mobilise plusieurs administrations et partenaires opérationnels : Marchés publics (Minmap), Économie, Planification et Aménagement du Territoire (Minepat), Agence de régulation des télécommunications (ART), Cameroon Telecommunications (Camtel), MTN Cameroon et Orange Cameroun. Il constitue l’une des trois composantes du Patnuc, au service d’une vision qui fait du numérique un levier d’inclusion sociale, de développement économique et d’aménagement du territoire.
Malgré une connexion à cinq câbles sous-marins à fibre optique, le Cameroun n’exploite pas pleinement son potentiel. D’après un rapport de la Société financière internationale (SFI) publié en 2023, « environ 15 % de la capacité du câble SAT3 et 30 % de la capacité du câble WACS ont été utilisés depuis leur lancement, il y a 19 ans ». Sur le terrain, la couverture progresse néanmoins : de 75 % de la population en 2018 à 87,5 % en 2024 (GSMA Intelligence, DataReportal), grâce à l’installation de 2 850 stations de base recensées par l’ART, dont 42 % en zones rurales, appuyées par le Fonds d’aménagement numérique universel (FANU) et des tours solaires hybrides dans le Nord et l’Extrême-Nord.
En creux, le chantier dépasse la seule extension de la couverture : il s’agit de transformer la capacité en usages, en réduisant les coûts d’accès, en sécurisant l’énergie et la maintenance des sites, et en garantissant la qualité des services. Le Patnuc devra ainsi convertir l’effort d’investissement en adoption effective des TIC dans tous les secteurs, condition d’un impact durable sur la croissance et l’égalité territoriale.
Frédéric Nonos
