(Investir au Cameroun) – Dans un rapport récent sur la situation économique du Cameroun, intitulé “L’or vert du Cameroun : valoriser les forêts et le capital naturel”, la Banque mondiale estime que « la valeur monétaire totale des services écosystémiques du Cameroun a presque doublé, passant de 19 500 milliards FCFA en 2000 à 37 200 milliards FCFA en 2020 ». Près de 96 % de cette valeur est liée à la séquestration du carbone.
L’institution financière précise également que la valeur des actifs forestiers a considérablement augmenté, passant de 448 800 milliards FCFA (soit 748 milliards USD) en 2000 à 852 000 milliards FCFA (soit 1 420 milliards USD) en 2020. Cette hausse est expliquée par l’augmentation des services forestiers ainsi que par la montée des prix mondiaux du carbone, selon l’analyse de la Banque mondiale.
Ces estimations sont basées sur un coût social du carbone de 52,5 dollars par tonne de CO₂e (soit 31 500 FCFA), un montant distinct des prix observés sur les marchés du carbone. Un analyste de la Banque mondiale précise que la valeur de l’écosystème forestier représente le coût social, sanitaire, économique et écologique que le monde devrait assumer si la forêt du Cameroun venait à disparaître. En effet, cette forêt fait partie du bassin du Congo, le second plus grand poumon de la planète après l’Amazonie.
Cependant, les experts de l’institution estiment que « bien que la valeur mondiale des services écosystémiques forestiers du Cameroun soit considérable, seule une infime portion (111 milliards FCFA, soit 0,3 %) bénéficie directement au pays ». Ce déséquilibre économique souligne, selon eux, la nécessité de renforcer les mécanismes internationaux de financement climatique (tels que le programme REDD+ et l’alignement avec l’Accord de Paris), afin de mieux concilier les bienfaits mondiaux des forêts camerounaises avec les incitations nationales à leur préservation.
Concrètement, les services écosystémiques fournis par les forêts camerounaises comprennent la séquestration du carbone, représentant 96 % de la valeur totale des services écosystémiques, évaluée à 35 630 milliards FCFA. Il s’agit des services de rétention du carbone. Les services de rétention des sédiments, d’une valeur de 105 milliards FCFA, permettent de réduire l’érosion, les coûts de dragage, tout en contribuant à la qualité de l’eau et à la production d’hydroélectricité. Les ressources en bois, utilisées localement pour la construction et comme bois de chauffage, sont évaluées à 348 milliards FCFA. Les ressources non ligneuses, telles que la viande de brousse ou les plantes sauvages, essentielles pour les populations locales, sont estimées à 42 milliards FCFA.
Ludovic Amara
Lire aussi :