(Investir au Cameroun) – Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a révélé devant les députés, le 3 juillet 2025, que le nombre de contribuables enregistrés est passé de 80 000 en 2014 à 400 000 en 2024. Soit une hausse de 400 % en dix ans, correspondant à 320 000 nouveaux assujettis.
Mais à deux ans de l’échéance fixée dans la Stratégie nationale de développement (SND30), l’objectif d’un million de contribuables d’ici 2026 paraît encore lointain. Il faudrait intégrer 600 000 nouveaux assujettis en deux ans, soit 300 000 par an, contre une moyenne actuelle de 32 000.
Face à ce décalage, les élus ont interpellé le ministre sur les limites de la stratégie de formalisation du secteur informel. Ce dernier a reconnu le caractère « mitigé » des résultats, tout en rappelant que l’économie camerounaise, à l’instar de celles d’autres pays en développement, reste profondément informelle.
« Le gouvernement a initié un ensemble d’actions en vue d’inverser la tendance et, partant, optimiser le recouvrement de nos recettes », a déclaré Motaze, cité dans un rapport de l’Assemblée nationale.
Le passage du secteur informel au formel est un axe majeur de la SND30, qui souligne l’importance d’un environnement adapté : financement, fiscalité incitative, accès au marché, simplification administrative et réformes juridiques.
En pratique, de nombreux acteurs économiques restent à la marge, rebutés par la complexité des démarches, le manque de garanties commerciales et la peur d’une pression fiscale mal comprise.
Pour l’heure, le gouvernement peine à traduire les intentions politiques en mécanismes incitatifs efficaces, alors même que l’élargissement de l’assiette fiscale est crucial dans un contexte budgétaire contraint.
Ludovic Amara