Une véritable tempête secoue la Fédération Camerounaise de Football. Les démissions retentissantes de Benoît Angbwa et Joseph Feutcheu mettent en lumière les tensions profondes qui traversent l’institution dirigée par Samuel Eto’o. Ce qui semblait être une révolution prometteuse dans la gouvernance du football camerounais révèle aujourd’hui ses failles et ses contradictions.
Les alliés d’hier devenus les adversaires d’aujourd’hui
La démission de Benoît Angbwa comme Secrétaire Général Adjoint résonne comme un coup de tonnerre dans le microcosme du football camerounais. Nommé par Samuel Eto’o lui-même en reconnaissance de son soutien passé, l’ancien international aura transformé cette opportunité en véritable parcours du combattant administratif. Son départ intervient après quatre mois d’absence pendant lesquels il a pourtant perçu l’intégralité de son salaire.
Plus troublant encore, Angbwa semble regretter amèrement la perte du poste de coordonnateur des équipes nationales, une fonction connue pour ses avantages opaques. Ses accusations de harcèlement tombent étrangement à l’approche des prochaines élections fédérales, laissant planer le doute sur ses véritables motivations.
Dans le même temps, Joseph Feutcheu, président de plusieurs clubs et figure emblématique de l’ancienne garde du football camerounais, a également claqué la porte. Celui qui incarnait un système où football rimait souvent avec business personnel avait pourtant été l’un des premiers soutiens d’Eto’o. Son retournement de veste illustre parfaitement le malaise d’une vieille garde confrontée à une politique de transparence qui menace directement sa mainmise sur les subventions fédérales et les flux financiers des clubs.
Face à ces défections, Samuel Eto’o apparaît comme un réformateur inflexible déterminé à transformer un système gangrené. Ses initiatives pour éradiquer les détournements, sanctionner les arbitres corrompus et professionnaliser les clubs dérangent inévitablement ceux qui profitaient de l’ancien système.
« Ces départs étaient prévisibles », confie sous couvert d’anonymat un cadre de la FECAFOOT contacté par 237online.com. « Quand vous mettez fin à des décennies de pratiques douteuses, ceux qui en bénéficiaient ne peuvent que s’opposer au changement. Le président Eto’o savait qu’il marchait sur des œufs. »
Le football camerounais vit indéniablement un tournant décisif. Les départs d’Angbwa et Feutcheu symbolisent la fin d’une époque où les postes étaient souvent des sinécures, où l’argent public coulait parfois sans contrôle, et où les intérêts personnels primaient trop souvent sur le développement du sport.
Mais la question demeure: ces réformes, aussi nécessaires soient-elles, pourront-elles être menées à bien dans un environnement aussi hostile? Le temps nous le dira, mais une chose est certaine: comme sur les terrains de football où il excellait, Samuel Eto’o sait que les victoires les plus importantes se construisent souvent dans l’adversité.