Face la flambée des Bons du Trésor, le Cameroun vise des financements alternatifs pour sa trésorerie


(Investir au Cameroun) – A fin juin 2025, l’encours de la dette intérieure de l’Etat du Cameroun, hormis les Restes-à-payer (RAP) – factures en instance de paiements au Trésor public depuis plus ou moins trois mois – et la dette flottante, est estimé à 3814,4 milliards de FCFA, soit 11,6% du PIB. Selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), qui révèle le chiffre dans sa dernière note de conjoncture sur la dette publique au Cameroun, 55% de cette enveloppe est constitué des titres publics émis par le gouvernement sur le marché de la BEAC, l’institut d’émission des pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA).

Sur ce marché devenu l’un des principaux pourvoyeurs des financements à l’Etat du Cameroun, le Trésor public émet des Obligations du Trésor assimilables (OTA), qui sont des titres publics dont la maturité est comprise entre 2 ans et 10 ans, servant généralement à réaliser des projets d’infrastructures. Mais, depuis de nombreuses années, l’Etat du Cameroun y émet surtout des Bons du Trésor assimilables (BTA). Il s’agit de titres dont la maturité n’excède pas un an, destinés à gérer les tensions ponctuelles de la trésorerie de l’Etat.

Cependant, révèle la dernière note de conjoncture du gestionnaire de la dette publique au Cameroun, « s’agissant précisément des Bons de Trésor assimilables, qui connaissent une augmentation de l’ordre de 11,6% – à fin juin 2025, NDLR – en glissement annuel, des réflexions sont en cours pour mitiger le risque de refinancement sous-jacent, en lien avec les tensions sur la capacité du marché domestique ».

Le deal avec Afreximbank

Entre d’autres termes, face au renchérissement des coûts des émissions des BTA observé sur le marché de la BEAC depuis quelques années, et surtout de la difficulté des Etats de la Cemac à mobiliser les financements recherchés – en raison de la concurrence et des obligations prudentielles des banques opérant comme spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) sur ce marché – le gouvernement camerounais réfléchit d’ores et déjà à d’autres alternatives.

« C’est dans cette perspective que le Chef de l’Etat a signé le décret (…) du 19 mai 2025 habilitant le ministre des Finances à recourir à des emprunts sur les marchés financiers internationaux, pour un montant maximum de deux cents milliards de FCFA, destinés au financement des opérations de trésorerie de l’exercice 2025 », souligne la CAA.

L’on peut également observer que dans l’optique de s’assurer de la mobilisation effective des financements recherchés sur le marché domestique, dans un contexte de saturation des intermédiaires – Banques-SVT – le gouvernement camerounais attire de nouveaux investisseurs sur le marché sous-régional des titres. C’est ainsi qu’au mois de juillet 2025, l’Etat du Cameroun a pu mobiliser 200 milliards de FCFA sur le marché des titres de la BEAC, grâce à un swap – conversion des devises en monnaie locale – ayant permis à la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) de souscrire à une émission obligataire du Trésor public.

Grâce à ce deal réussi avec l’Etat du Cameroun, cette institution financière panafricaine, qui sera dirigée dès le mois de septembre 2025 par le juriste camerounais George Elombi, est devenue le tout premier investisseur étranger à opérer sur le marché des titres publics de la BEAC, opérationnel depuis bientôt 14 ans.

Brice R. Mbodiam

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