La découverte du corps mutilé d’un élève de 12 ans à Bonaberi a glacé le Cameroun : selon les premiers éléments de l’enquête, l’enfant aurait été enlevé puis tué par son propre cousin, après une demande de rançon de 20 millions FCFA. Une affaire d’une violence rare, qui révèle l’extension inquiétante des réseaux criminels ciblant désormais même les familles modestes.
« Ce genre d’histoire, on ne pensait pas que ça pouvait arriver chez nous », souffle une voisine, encore sous le choc. Comment un proche a-t-il pu basculer dans une telle barbarie ? Et surtout, qui protège vraiment nos enfants aujourd’hui ?
Un enlèvement maquillé en rançon qui vire au drame
Djoumessi Stéphane, élève en première année mécanique au lycée technique de Sodiko, disparaît le 12 novembre sur le chemin de l’école.
Très vite, les ravisseurs réclament 20 millions FCFA, une somme totalement disproportionnée pour la famille.
La gendarmerie oriente l’enquête vers les proches, un réflexe devenu courant à Douala où plus de 30 % des kidnappings urbains recensés depuis 2023 impliquent des connaissances de la victime, selon des sources sécuritaires.
C’est finalement un nom qui revient : Amstrong Stéphane, le cousin. Interpellé, il finit par avouer et indique l’emplacement du corps : une maison abandonnée, sous des gravats.
Le choc est indescriptible :
l’enfant est retrouvé sans vie, les parties génitales et la langue arrachées, un mode opératoire évoquant des pratiques rituelles tristement connues dans certains réseaux criminels.
Kidnapping à Bonaberi : un phénomène qui inquiète les autorités
Bonaberi, zone stratégique et foyer économique, est aussi devenu un carrefour du crime urbain :
– bâtiments abandonnés,
– zones industrielles non éclairées,
– circulation constante entre Douala 4 et la Nationale n°3.

« Ce n’est pas du jeu, les bandits ont pris de l’assurance ici », confie un commerçant. Plusieurs enquêtes de 2024 et 2025 avaient déjà mis en lumière des bandes spécialisées dans les enlèvements rapides, souvent liées à des proches.
Le cas Djoumessi montre un glissement encore plus grave : des crimes familiaux motivés par l’argent, un phénomène autrefois marginal au Cameroun.
Une affaire qui interroge sur la protection des enfants vulnérables
Selon des sources proches du dossier, le suspect aurait agi avec au moins un complice. Les enquêteurs explorent désormais la piste d’un réseau de sacrifices rituels, une hypothèse renforcée par les mutilations constatées sur la dépouille.
Les organisations locales rappellent que plus de 1 200 mineurs ont disparu au Cameroun entre 2020 et 2024, un chiffre alarmant.
Pour beaucoup de parents de Bonendale, cette affaire est la preuve qu’aucun quartier, aussi paisible soit-il, n’est vraiment à l’abri.
Un drame familial qui ouvre un débat national
L’assassinat de Djoumessi pose plusieurs questions brûlantes :
– Pourquoi les sites abandonnés ne sont-ils pas sécurisés ?
– Comment un jeune peut-il basculer dans une telle atrocité ?
– L’État dispose-t-il encore des moyens réels pour prévenir les enlèvements ?
Pour de nombreux habitants, il est urgent d’ouvrir un débat sur la protection des enfants, la surveillance des zones sensibles et la montée des crimes rituels.
« Un pays où un enfant peut disparaître et être retrouvé comme ça… ce n’est plus normal », dit un habitant de Bonendale, la voix tremblante.
Le meurtre de ce jeune élève rappelle brutalement la fragilité de la sécurité urbaine et la vulnérabilité des familles face aux dérives criminelles.
Entre pauvreté, réseaux occultes et opportunisme criminel, les enfants camerounais sont de plus en plus exposés.
La question reste entière : combien d’autres drames faudra-t-il avant une véritable réforme de la sécurité dans nos quartiers ?



