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Eneo : 20 000 compteurs intelligents sur les édifices publics dès 2026 pour sécuriser la facturation de l’État


(Investir au Cameroun) – A partir de 2026, 20 000 compteurs seront installés sur les bâtiments administratifs et sur le réseau d’éclairage public au Cameroun. L’annonce a été faite fin novembre 2025 par le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale, lors de la défense du budget 2026 de son département. L’objectif est de fiabiliser la mesure des consommations électriques de l’État et de réduire les litiges récurrents avec Eneo, le distributeur national. « Effectivement, c’est pour mettre un terme aux divergences souvent survenues entre les entités étatiques et Eneo sur la facturation », confirme une source interne à la société.

Aujourd’hui, les entités publiques contestent fréquemment les factures d’Eneo, en dénonçant des surfacturations présumées. Pour y répondre, Eneo prévoit d’équiper les édifices publics de compteurs intelligents, dont les index pourront être contrôlés par toutes les parties, limitant ainsi la marge de contestation. Cette évolution est jugée d’autant plus structurante pour l’éclairage public que la facturation y repose encore sur des estimations.

Sur ce segment, la méthode actuelle consiste à comptabiliser le nombre de lampadaires dans les villes de Yaoundé et Douala, puis à facturer 12 heures de consommation par jour. Le calcul intègre le fait qu’une partie des lampadaires reste allumée 24 h/24 et que de nombreux équipements situés dans les quartiers reculés ne sont pas pris en compte. Les communes contestent régulièrement ces montants, accusant la commission de comptage d’avoir intégré les lampadaires solaires, qui ne relèvent pas d’Eneo. La généralisation de compteurs sur le réseau d’éclairage public doit permettre de passer d’une logique d’estimation à une mesure réelle des consommations.

Le paiement des factures de l’État : un casse-tête

Si l’installation de compteurs intelligents sur l’éclairage public et les bâtiments administratifs doit conduire à une facturation jugée plus juste, elle ne règle pas la question centrale : le paiement effectif des factures de l’État et de ses démembrements. Ce sujet est identifié depuis plusieurs années comme l’un des principaux facteurs de déséquilibre financier du secteur électrique camerounais.

« Nous émettons pour environ 7 milliards de FCFA de factures mensuelles à l’égard des entités publiques (administrations, entreprises publiques, hôpitaux, universités…), mais depuis le début de cette année 2024, nos recouvrements se sont limités à 1,5 milliard de FCFA en janvier et à 1,8 milliard en février », déclarait ainsi Amine Homman Ludiye, directeur général d’Eneo, dans un entretien accordé à Investir au Cameroun en avril 2024. Il rappelle qu’un accord prévoyait un versement hebdomadaire d’1 milliard de FCFA au titre du paiement partiel des factures de l’État central, afin d’alléger l’encours : cette mesure n’a été appliquée qu’une seule fois durant les mois de janvier et février 2024.

Sur les deux premiers mois de l’année 2024, Eneo a ainsi facturé 14 milliards de FCFA aux entités publiques, mais n’a encaissé que 3,3 milliards de FCFA, soit un déficit de plus de 10 milliards de FCFA. Sur la même période, l’entreprise n’a perçu que 2 milliards de FCFA au titre du paiement partiel des consommations d’électricité de l’État central, alors que 8 milliards de FCFA étaient attendus, générant 6 milliards de FCFA d’impayés.

Des retenues annoncées sur la subvention pour apurer les impayés

À partir de 2026, le gouvernement camerounais entend durcir le traitement des entités publiques qui accumulent les impayés d’électricité. L’objectif est de soulager le Trésor public, régulièrement contraint de financer l’apurement de ces dettes pour éviter d’asphyxier Eneo, dont les tensions de trésorerie fragilisent l’équilibre du secteur électrique.

Le Compact Énergie du Cameroun, document élaboré par l’État avec ses partenaires internationaux pour développer des infrastructures énergétiques durables à l’horizon 2030, propose une série de mesures à mettre en œuvre dès 2026. « Pour les établissements publics : introduire dans le fichier de payement des salaires du mois N les factures d’électricité du mois N-1 ; prendre en compte dans leurs budgets les arriérés de consommation d’électricité ; prélever à la source les subventions des entités bénéficiaires, en compensation de leurs consommations d’énergie en cas d’arriérés persistants », prévoit le texte.

Pour les entreprises publiques, le même document recommande : « pour les entreprises bénéficiaires des acomptes, prélever à la source les montants dus aux consommations d’électricité ». Il est également prévu l’élaboration d’un texte « réglementaire contraignant définissant les modalités de paiements des factures d’électricité de l’État central ». Ces mécanismes visent à automatiser le recouvrement et à limiter la formation de nouveaux arriérés, dans un contexte où l’État et ses entités restent des débiteurs structurants pour Eneo.

BRM

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