A fin mars 2024, les Soldes Engagés Non Décaissés (Send’s) hors appuis budgétaires sont estimés à environ 3 728 milliards de Fcfa dont 88,8 milliards d’appuis budgétaires. Pour mieux comprendre, les Send’s désignent, dans le cadre des projets/programmes d’investissement publics, des ressources financières disponibles sur des lignes de crédit et pas encore transférées, et donc non consommées, dans les comptes nationaux des projets. Ces ressources sont mises à disposition progressivement en fonction de l’avancement des travaux. L’impact des Send’s peut être étudié à deux niveaux notamment macroéconomique et sectoriel. Au niveau macroéconomique, les Send’s affectent la croissance économique, la balance des paiements, la trésorerie et la solvabilité d’un État. Au niveau de la performance du portefeuille de projets, ils permettent d’évaluer le respect des termes contractuels, l’impact sectoriel et les coûts directs et d’opportunité. Selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme public du Cameroun en charge de la gestion de la dette publique, ces soldes sont issus uniquement des engagements envers les créanciers extérieurs et enregistrent une hausse de 3,3% sur un an. Sur la composition, il s’agit de 68,2% de prêts provenant des conventions de financement signées avec les bailleurs de fonds multilatéraux dont le Groupe de la Banque mondiale (Bird & IDA) avec un stock évalué à 1 440,1 milliards de Fcfa ; 18,2% des ressources auprès des créanciers commerciaux dont 177 milliards de Fcfa à décaisser auprès de Eximbank of China et 13,3% des financements issus de la coopération bilatérale dont 184,1 milliards de Fcfa à collecter auprès de la Icbc (Industrial and Commercial Bank of China).
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Si ces engagements financiers pris sous forme d’emprunts, mais encore non-décaissés par les bailleurs de fonds, ne représentent pas encore à proprement parler une dette pour le Cameroun, il n’en demeure pas moins qu’ils constituent des opportunités perdues pour le développement infrastructurel. Ceci dit, sur la base des données contenues dans le rapport de la CAA en date du 25 avril 2024, l’analyse des Send’s au Cameroun révèle plusieurs raisons qui bloquent le décaissement des lignes de crédits mis à disposition par les bailleurs de fonds. Il s’agit entre autres de la nature cyclique des projets, les négociations peu convaincantes, la mauvaise planification et l’incapacité des entités responsables de l’exécution des projets la qualité. « Il reflète un décalage entre les engagements financiers et les réalisations effectives », peut-on lire.
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Soulignons que dans le cadre de cet exercice, la CAA précise qu’un prêt est considéré comme actif dès lors qu’il possède un taux de Send’s supérieur à 3%. Ainsi, tous les prêts ayant un taux de Send’s égal ou inférieur à 3% sont considérés comme clos. Ce sont des prêts d’une valeur globale de 3 727,9 milliards de Fcfa, tous issus d’engagements extérieurs, qui sont actifs fin mars 2024 tandis que les Send’s sur engagements intérieurs sont déclarés nuls au 31 mars 2024.
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