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Elimbi Lobe démasqué : La stratégie coloniale révélée !


Une véritable bombe historique vient d’exploser dans le paysage mémoriel camerounais. Suite aux propos polémiques d’Elimbi Lobe qualifiant Ernest Ouandié de “bandit” ayant tué des populations dans le Moungo pour attribuer leurs terres à ses “frères“, une voix légitime s’élève pour rétablir la vérité. Timba Bema, petit-fils de Béma Mollende, riche planteur Sawa et Mbo assassiné durant la période du maquis, contredit formellement cette version des faits, dénonçant un récit fabriqué de toutes pièces par l’administration coloniale.

Cette intervention intervient après qu’Elimbi Lobe ait, lors d’une émission télévisée dimanche dernier, ravivé les vieilles tensions en accusant le héros de l’indépendance d’exactions contre les populations du Moungo. Des propos qui ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux, dans un pays où l’histoire reste souvent mal connue et instrumentalisée à des fins politiques.

La bamiphobie, une stratégie coloniale de guerre psychologique

Ce qui donne une force particulière au témoignage de Timba Bema, c’est sa position unique : descendant direct des victimes du drame qui a servi de fondement à la propagande anti-bamiléké dans le Moungo. Au lieu de valider la narration reprise par Elimbi Lobe, il dévoile les dessous d’une opération de manipulation massive orchestrée par l’armée coloniale française et ses conseillers.

“L’assassinat des Bema Moulende est l’événement qui fera basculer les Duala et de manière plus générale les Sawa dans la bamiphobie”, explique-t-il dans un exposé saisissant sur les rouages de la guerre contre-révolutionnaire. Il évoque notamment le rôle du colonel français Lacheroy, architecte de stratégies similaires en Indochine et en Algérie, qui misait sur “l’arme psychologique” pour “désolidariser la population des forces insurgées”.

Timba Bema révèle l’existence de “faux-maquisards” – des groupes manipulés par l’armée camerounaise se faisant passer pour des insurgés – destinés à discréditer le mouvement indépendantiste. Une stratégie qui visait à “empêcher toute sympathie vis-à-vis des Bamiléké, qui hébergeaient le foyer du maquis”, en fabriquant “une figure assez répugnante du Bamiléké pour empêcher toute identification, toute fraternisation avec elle.”

Une construction coloniale qui empoisonne encore les relations ethniques

Le témoignage de Timba Bema est d’autant plus précieux qu’il apporte un éclairage direct sur la fabrication d’un récit qui continue d’empoisonner les relations intercommunautaires au Cameroun soixante ans plus tard. “C’est dans le cadre de cette stratégie qu’il faut comprendre l’invention de la bamiphobie”, affirme-t-il avec force.

Concernant ses propres grands-parents, il affirme catégoriquement que la version selon laquelle “ils auraient été tués par leurs ouvriers Bamiléké pour s’emparer de leurs plantations” est “bien évidemment fausse”. Preuve à l’appui, il souligne qu’“une bonne partie de leurs terres, en tout cas celles qui étaient dûment enregistrées au registre foncier, sont encore entre les mains de la famille.”

Cette démystification par un témoin aussi légitime constitue un coup sévère porté au narratif défendu par Elimbi Lobe, que la journaliste Henriette Ekwe avait déjà accusé de manquer cruellement de “culture politique” et de ne maîtriser que “la lecture de certains versets bibliques”. Comme le souligne Kemajou Baudelaire, également cité dans le texte, Elimbi Lobe ne serait qu’“un héritier de cette stratégie de manipulation” coloniale.

À l’heure où le Cameroun peine encore à construire un récit national inclusif et apaisé, ces révélations constituent une contribution majeure à la compréhension des fractures qui continuent de diviser la société camerounaise, et invitent à réévaluer le rôle des figures historiques comme Ernest Ouandié à la lumière de faits historiques vérifiables plutôt que de mythes propagandistes soigneusement entretenus.

Par Joël Ngassa pour 237online.com



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