(Investir au Cameroun) – Depuis bientôt un mois, les délestages se sont intensifiés sur le Réseau interconnecté Sud (RIS), qui alimente sept des dix régions du Cameroun. À Yaoundé, par exemple, les coupures annoncées pour durer entre 4 et 6 heures s’étendent souvent sur plusieurs jours, affectant de nombreux quartiers. Le phénomène, selon plusieurs sources, touche également d’autres villes et villages du pays, plongeant entreprises et ménages dans le désarroi.
Les alertes envoyées aux consommateurs par la société d’électricité Eneo évoquent des incidents récurrents sur le réseau de transport, géré par la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel), en plus des interruptions liées aux travaux programmés, aux chutes de poteaux, aux ruptures de câbles causées par des arbres tombés après de fortes pluies ou encore aux incendies de transformateurs dus aux surcharges. Ces derniers jours, pour justifier les délestages devenus quasi permanents, le distributeur d’électricité a annoncé presque quotidiennement des incidents sur le poste de transformation de Nyom, pourtant nouvellement construit dans la banlieue de Yaoundé.
Ce poste de transformation permet l’évacuation de l’énergie produite par le barrage de Nachtigal, dont l’inauguration est prévue le 3 avril 2025. Relié au réseau électrique camerounais depuis le premier semestre 2024, le barrage a commencé à injecter de l’énergie avec la mise en service du premier de ses sept groupes, chacun d’une capacité de 60 MW. Depuis le 18 mars 2025, il injecte l’intégralité de sa capacité de 420 MW dans le réseau, selon NHPC, l’entreprise du projet. L’inauguration a été programmée pour marquer l’achèvement de la mise en service de l’ensemble des groupes.
Les perturbations actuelles dans la distribution de l’électricité au Cameroun montrent qu’il sera difficile, à court et peut-être à moyen terme, pour les consommateurs de pleinement profiter des capacités du barrage de Nachtigal. En plus des incidents récurrents sur un réseau de transport vieillissant, certaines des nouvelles lignes du projet Nachtigal ne sont pas encore achevées, selon des sources autorisées. Ainsi, malgré la mise à disposition de l’énergie du nouveau barrage et une demande industrielle supplémentaire estimée à plus de 300 MW par des sources autorisées du secteur, il sera difficile, dans l’immédiat, de consommer l’intégralité de la production de Nachtigal.
Pourtant, selon les accords conclus entre l’État du Cameroun et NHPC, dès la mise en exploitation du barrage, symbolisée par la disponibilité effective des 420 MW de capacités installées, ce qui est officiellement le cas depuis le 18 mars dernier, une facture mensuelle de 10 milliards de FCFA devra être réglée par la partie camerounaise à la société NHPC, que l’énergie produite à Nachtigal soit consommée ou non. En clair, on s’achemine vers la satisfaction de cette obligation contractuelle, alors que le pays broie toujours du noir, malgré la pleine production de Nachtigal, qui a augmenté les capacités de production du pays de 30% d’un seul coup.
Brice R. Mbodiam
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