(Investir au Cameroun) – L’African Trade & Investment Development Insurance (ATIDI), organisme panafricain spécialisé dans la garantie des risques politiques et commerciaux auxquels s’exposent les investisseurs en Afrique, souhaite implémenter au Cameroun son offre visant à garantir le paiement des factures des producteurs indépendants d’énergie électrique. Les responsables de l’ATIDI ont manifesté cet intérêt le 6 mai 2025 à Yaoundé, à l’occasion du lancement officielle de leurs activités dans le pays, à travers un atelier organisé sur le thème « atténuer les risques liés au commerce et à l’investissement en Afrique ».
Cependant, a-t-on appris, l’implémentation de cette offre de garantie ne pourrait être enclenchée que si, préalablement, une convention est signée entre l’État, représenté par le ministère des Finances et celui en charge de l’Eau et de l’Energie, et Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun. « Nous espérons que cette convention sera signée très bientôt », a souhaité un responsable d’ATIDI au cours de l’atelier sus-évoqué.
La signature de cette convention, apprend-on, ouvrira alors la voie à la mise en œuvre au Cameroun de la Facilité régionale de soutien à la liquidité (FRSL). Il s’agit d’une offre de garantie commerciale mise en place par l’ATIDI, en collaboration avec la banque de développement allemande KfW et l’agence norvégienne de coopération au développement (Norad), apprend-on officiellement.
Tensions de trésorerie
Concrètement, cette facilité « soutient les projets d’énergie renouvelable de petite et moyenne envergure d’une capacité installée allant jusqu’à 100 MW, en protégeant les promoteurs contre le risque de retards de paiement de la part des acheteurs publics…», apprend-on des documents d’ATIDI. De bonnes sources, au Cameroun, cette offre peut permettre de garantir le paiement de six à douze mois de factures à des producteurs indépendants d’électricité, en cas de tensions de trésorerie chez Eneo, société à laquelle l’État du Cameroun a concédé le service public de l’électricité.
En effet, en raison des difficultés financières quasi-permanentes d’Eneo, qui sont elles-mêmes consécutives au non-paiement des factures de consommation d’électricité de l’Etat et ses démembrements, à fin février 2025, Eneo affichait par exemple des arriérés de paiement de 137 milliards de FCFA vis à vis de Globeleq. Il s’agit du producteur indépendant qui gère les centrales à gaz de Kribi (216 MW) et à fioul de Dibamba (88 MW).
Selon un mécanisme convenu par les parties, ces arriérés sont automatiquement et progressivement apurés lorsque l’Etat – qui endosse la plupart du temps les factures de ses démembrements – paye lui-même ses factures chez Eneo. L’incapacité pour l’État à honorer cet engagement ces derniers mois a conduit Globeleq à suspendre plusieurs fois la production dans sa centrale à gaz de Kribi, qui est généralement la plus sollicitée pour équilibrer l’offre d’électricité dans le pays.
De ce point de vue, l’offre d’ATIDI apparaît comme une solution à un problème devenu un véritable casse-tête, aussi bien pour l’État que l’ensemble du secteur de l’électricité, dans lequel l’on retrouve d’autres producteurs indépendants tels que Scatec. Cette société norvégienne est propriétaire des centrales solaires d’une capacité totale de 30 MW installées à Maroua et Guider. Leur production a permis de stabiliser l’offre d’électricité dans la partie septentrionale du Cameroun ces dernières années.
Brice R. Mbodiam
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