(Investir au Cameroun) – Réunis depuis le 28 juillet à Yaoundé, décideurs publics, experts et acteurs culturels des 17 États membres de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) planchent sur un objectif stratégique : faire du droit d’auteur un levier de croissance pour l’économie créative africaine. La conférence régionale, qui s’achève ce 29 juillet, doit déboucher sur une feuille de route concrète.
« Il s’agit d’optimiser l’exploitation du droit d’auteur pour impulser le développement de l’économie créative dans nos pays », résume Denis Bohoussou, directeur général de l’OAPI. Les travaux visent à mieux structurer et financer les secteurs clés — cinéma, musique, arts visuels — afin d’accroître leurs retombées économiques et fiscales.
Selon l’Unesco, les industries culturelles et créatives représentent déjà 2,2 % du PIB africain, soit plus de 58 milliards de dollars, et emploient près de cinq millions de personnes, principalement des jeunes et des femmes, dans des domaines comme la musique, le cinéma, l’audiovisuel ou le design. La consommation de biens et services culturels sur le continent pourrait approcher 15 milliards de dollars d’ici 2030, portée par le numérique et le streaming.
Au Cameroun, ces filières pèsent environ 3 % du PIB et génèrent des milliers d’emplois, souvent informels. La musique et l’audiovisuel, en particulier, s’exportent de plus en plus vers le reste de l’Afrique et la diaspora. Mais faute de structuration et de systèmes efficaces de gestion des droits, près de 70 % des revenus générés échappent encore aux créateurs comme aux États, selon l’OAPI.
Le potentiel reste donc immense, mais largement inexploité. Au Cameroun, locomotive culturelle d’Afrique centrale, les filières créatives génèrent déjà des revenus significatifs, mais sont freinées par l’informalité, le manque de financement et une faible valorisation du patrimoine culturel. « Autant de défis à surmonter pour libérer ce potentiel », insiste Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt, ministre camerounais des Arts et de la Culture.
Pour bâtir une stratégie efficace, l’OAPI s’appuie sur le soutien de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et des gouvernements membres. Au-delà de la simple protection juridique — déjà garantie par l’Accord de Bangui — l’enjeu est clair : transformer les industries culturelles en piliers de diversification économique et de création d’emplois, dans un continent encore trop dépendant des matières premières.
Frédéric Nonos
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