(Investir au Cameroun) – La dette locative de l’État du Cameroun s’élève à 40 milliards FCFA à fin 2025, selon le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Henri Eyebe Ayissi. Lors de son passage à l’Assemblée nationale, le membre du gouvernement a indiqué que, pour l’exercice 2025 finissant, l’État a réglé un montant cumulé de 9,5 milliards FCFA au titre des loyers et baux administratifs. « Cette dotation a permis un allègement conséquent de la dette locative de l’État », a-t-il déclaré.
La dette locative de l’État correspond aux loyers dus aux propriétaires des biens immobiliers loués par l’administration. Parmi ces bailleurs figurent notamment la Société immobilière du Cameroun (SIC), dont les logements sont occupés par des agents publics, ainsi que les propriétaires des locaux hébergeant les représentations diplomatiques du Cameroun à l’étranger.
Une composante de la dette intérieure
Cette dette locative s’inscrit dans l’ensemble de la dette intérieure de l’État. En 2024, le ministère des Finances a débloqué 671 milliards FCFA pour l’apurement d’une partie de la dette publique ; une fraction de cette enveloppe était destinée au règlement des arriérés de loyers de l’administration.
Le ministère des Domaines a, de son côté, la charge de la gestion des biens mobiliers et immobiliers de l’État. Il recense et comptabilise les avoirs publics, tout en pilotant les crédits affectés aux loyers et baux administratifs.
Les travaux d’audit sur la dette flottante de l’État et de ses démembrements ont par ailleurs mis en évidence un stock de plus de 670 milliards FCFA d’arriérés de dette intérieure, concentrés sur l’administration centrale et les établissements et entreprises publics, selon des données relayées par la presse spécialisée. Dans ce contexte, la dette locative apparaît comme un compartiment spécifique, mais révélateur des tensions de trésorerie structurelles de l’État.
Des crédits en hausse jusqu’en 2026
Henri Eyebe Ayissi souligne que les paiements de loyers et baux administratifs pour l’année 2025 sont en hausse par rapport aux deux dernières années. Cette progression reste toutefois mesurée : en 2023, l’enveloppe allouée à ces dépenses atteignait déjà 9 milliards FCFA, contre 9,5 milliards FCFA en 2025.
Pour 2026, le ministère des Domaines projette d’augmenter davantage l’effort budgétaire. Il prévoit de consacrer 13,1 milliards FCFA au paiement des loyers, auxquels s’ajouteraient 900 millions FCFA spécifiquement dédiés aux loyers dus à la SIC. Ces prévisions traduisent une montée en puissance des crédits, alors même que l’encours de dette locative demeure à 40 milliards FCFA.
Assainissement budgétaire
Sur le plan budgétaire, l’ajustement progressif des dotations de loyers vise à réduire un encours qui reste significatif, tout en limitant l’effet d’éviction sur d’autres priorités de dépenses. Rapportés aux arriérés de dette intérieure reconnus par l’État, les 40 milliards FCFA de dette locative ne représentent qu’une fraction du stock, mais ils pèsent directement sur le fonctionnement courant des administrations, des missions diplomatiques et des opérateurs publics comme la SIC.
En cascade, les retards de paiement fragilisent la capacité des bailleurs à entretenir leur patrimoine, à investir ou à honorer leurs propres engagements financiers.
À l’analyse, la dette locative des entités publiques est désormais suivie au même titre que d’autres postes d’arriérés – dettes commerciales, académiques ou sociales – dans les plans d’assainissement des finances publiques. Cette intégration explicite plaide pour une programmation pluriannuelle plus rigoureuse des crédits, afin de sécuriser les flux de loyers, restaurer la confiance des bailleurs (publics comme privés) et limiter le risque de contentieux ou de renégociations forcées de baux, susceptibles de renchérir le coût global de l’hébergement de l’administration.
Ludovic Amara



