La capitale camerounaise suffoque littéralement sous les montagnes d’immondices. Dans une sortie médiatique fracassante, Célestin Djamen vient de mettre le doigt sur une plaie béante : l’État devrait environ 14 millions d’euros (soit entre 7 et 9 milliards de FCFA) à Hysacam, la société chargée de la collecte des déchets. Une révélation qui éclaire d’un jour nouveau la crise sanitaire qui frappe Yaoundé.
Une dette colossale qui paralyse la collecte des ordures
“C’est quand même énorme !” s’est exclamé Djamen, visiblement exaspéré par l’ampleur de la dette contractée envers le principal opérateur de ramassage d’ordures du pays. Cette situation financière désastreuse explique en grande partie pourquoi les détritus s’accumulent dans les artères de la capitale depuis des mois. Les camions-bennes, autrefois omniprésents, se font rares, et les équipes de ramassage, probablement affectées par les retards de paiement, ne peuvent plus assurer un service régulier.
Cette dette représente plusieurs années de service non rémunéré, mettant en péril non seulement la salubrité publique mais aussi la viabilité même de l’entreprise qui emploie des milliers de Camerounais.
Un gouvernement pointé du doigt pour son “irresponsabilité“
Djamen n’a pas mâché ses mots concernant la gestion de cette crise : “L’État est irresponsable“, a-t-il martelé, évoquant un manque flagrant de “volontarisme politique“. Une critique qui résonne d’autant plus fort que la situation n’est pas nouvelle. “C’est depuis au moins 10 ans que cette ville est comme ça”, rappelle-t-il, soulignant que la seule différence aujourd’hui est que “les détritus ont envahi les rues”.
Cette dégradation progressive du cadre de vie des Yaoundéens soulève des questions cruciales sur les priorités budgétaires du gouvernement et sa capacité à gérer les services publics essentiels.
Un Premier ministre “impuissant” face à l’urgence sanitaire
La sortie récente du Premier ministre constatant l’insalubrité de Yaoundé n’a pas échappé à la critique acerbe de Djamen : “C’est un Premier ministre impuissant. Il ne gère rien du tout”, a-t-il affirmé, ajoutant que les conseils interministériels organisés “ne débouchent sur rien du tout”.
Cette remise en question du rôle même du Premier ministère intervient dans un contexte où la population yaoundéenne s’impatiente face à la multiplication des tas d’ordures et aux risques sanitaires qui en découlent. Des maladies comme le choléra, le paludisme ou la typhoïde trouvent un terrain propice dans ces montagnes de déchets qui défigurent la capitale.
Pendant ce temps, les habitants développent leurs propres stratégies de survie, entre incinération sauvage des détritus et création de décharges improvisées, aggravant encore davantage la situation environnementale déjà critique.