(Investir au Cameroun) – Interpellé par les députés le 18 novembre sur les retards de paiement de la dette intérieure, secteur où le gouvernement enregistre des contre-performances, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a rappelé que la priorité de l’exécutif reste la dette extérieure de l’État. Il a justifié cette hiérarchie en expliquant que « les remboursements que nous devons faire pour la dette extérieure, nous devons les faire. Vous ne payez pas la dette extérieure, vous êtes blacklisté, on vous prend pour un pays qui n’est pas sérieux. Donc plus personne ne vous prête de l’argent, ou alors si on vous prête de l’argent, c’est à des conditions extrêmement contraignantes ».
Dans le même échange, le ministre a prévenu que s’agissant de la dette intérieure, « 2026 va être une année extrêmement difficile ». En cause, le début, cette année-là, du remboursement des appuis financiers reçus des partenaires au développement dans le cadre du programme conclu avec le Fonds monétaire international (FMI). « C’est à partir de 2026 qu’on va commencer à rembourser les appuis que nous avons reçus de nos partenaires au développement dans le cadre du programme avec le Fonds monétaire international. Donc on s’est dit, avec la dette extérieure, on ne s’amuse pas », a-t-il insisté.
Le Cameroun a en effet conclu avec le FMI un programme économique et financier couvrant la période 2021-2025. Dans ce cadre, le pays a mobilisé deux instruments de financement : la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Le montant cumulé des financements reçus via ces guichets s’élève à 573 milliards FCFA. Ces appuis visaient à renforcer le budget de l’État : ils ne servent pas seulement à équilibrer les finances publiques, mais surtout à consolider les réserves de change, cruciales pour le règlement des importations.
Un « budget de recettes » en préparation
Dans la perspective d’un nouveau programme économique et financier avec le FMI pour la période 2026-2029, que le ministre des Finances appelle de ses vœux, le gouvernement anticipe néanmoins une phase de transition sans nouveaux décaissements du Fonds. Louis Paul Motaze prévient ainsi qu’il faudra compenser l’absence de ces ressources par une mobilisation accrue des recettes propres, autrement dit une hausse attendue des recettes fiscales et douanières.
« Il faut des ressources nouvelles », a-t-il martelé devant les députés, en les avertissant que « le budget que nous allons vous présenter, la loi de finances, gardez déjà en tête que c’est un budget de recettes que nous avons fait, sachant que nous n’avons plus les appuis budgétaires de nos partenaires, parce que le programme avec le FMI est arrivé à sa fin ». Et de préciser : « nous n’avons plus ces recettes », alors que le Cameroun percevait auparavant plusieurs milliards de FCFA par an du FMI.
Les députés insistent, pour leur part, sur la nécessité de résorber la dette intérieure, jugée essentielle pour soutenir l’activité des entreprises locales, la liquidité dans l’économie et, in fine, la croissance. Le retard de paiement des fournisseurs de l’État pèse en effet sur la trésorerie des entreprises et sur l’investissement privé.
Pour rappel, selon la note de conjoncture d’octobre 2025 de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), qui gère le passif de l’État, la dette intérieure de l’administration centrale (hors restes à payer et dette flottante) s’établissait, au 30 septembre 2025, à 4 246 milliards FCFA. À la même date, la dette extérieure atteignait 8 568,2 milliards FCFA, confirmant le poids prépondérant de l’endettement extérieur dans le portefeuille de la dette publique camerounaise.
Ludovic Amara
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