L’affaire opposant le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) à Elections Cameroon (ELECAM) a pris une tournure inattendue quand le Conseil Constitutionnel s’est déclaré incompétent pour trancher le litige sur la publication de la liste nationale. Ce revirement a suscité une réaction vigoureuse du professeur de droit, Aba’a Oyono, qui ne mâche pas ses mots face à ce qu’il perçoit comme une abdication de responsabilité constitutionnelle.
Dans une déclaration qui fait déjà des vagues sur les réseaux sociaux, le Pr Aba’a Oyono s’interroge ouvertement sur la compétence du Conseil Constitutionnel : « On est où là? Le conseil constitutionnel a-t-il cessé d’être « l’organe régulateur du fonctionnement des institutions » conformément à l’article 46 de la constitution? » Il remet en question la compréhension même de la constitution par les juges, en soulignant que l’article 48 confie au Conseil la veille sur la régularité des élections présidentielles, y compris les étapes préélectorales comme la publication de la liste nationale.
Un jugement qui déchire
Les implications de cette décision sont vastes et troublantes. Si le Conseil Constitutionnel, censé être le gardien ultime des lois et du processus électoral, se désintéresse de son rôle, qu’attendre des autres institutions ? Cette déclaration d’incompétence pourrait remettre en cause la confiance dans l’intégrité du processus électoral camerounais, renforçant les doutes déjà exprimés sur la transparence des élections. Le Pr Aba’a Oyono, avec sa critique acerbe, met en lumière ce qui pourrait être perçu comme une lacune majeure dans la démocratie camerounaise, où les citoyens attendent une justice constitutionnelle ferme et indépendante.
Un appel à l’indépendance et à la sagesse
Aba’a Oyono ne se contente pas de critiquer ; il propose une voie à suivre. Il insiste sur l’importance de nommer au Conseil des spécialistes en droit constitutionnel, capables de faire preuve d’une indépendance d’esprit nécessaire pour naviguer dans les eaux troubles du contentieux constitutionnel. Sa vision est celle d’une institution qui ne se dérobe pas face à ses responsabilités mais qui, au contraire, les embrasse avec la sagesse et la compétence requises pour guider la nation vers une pratique démocratique irréprochable.
Cette affaire, qui se déroule sur fond de préparation pour l’élection présidentielle de 2025, soulève des questions fondamentales sur la capacité du Cameroun à organiser un scrutin libre et équitable.