Le feuilleton Chococam prend un tournant inattendu. Après des mois de négociations, ce n’est finalement pas Célestin Tawamba qui reprendra l’emblématique chocolatier camerounais. Un mystérieux fonds d’investissement nommé Minkama Capital, armé d’un prêt de 46,676 milliards FCFA, vient de coiffer au poteau le patron du groupe Cadyst. Une surprise totale dans le monde des affaires camerounais.
Soixante milliards de FCFA sur la table, et pourtant ce n’était pas suffisant. En septembre dernier, 237online.com révélait l’intérêt de Célestin Tawamba pour Chococam, mis en vente par le sud-africain Tiger Brands. Le magnat de la pâte alimentaire semblait tenir la corde pour devenir le nouveau propriétaire de cette institution agroalimentaire camerounaise. « Tawamba, c’était le choix logique, tout le monde y croyait », confie un observateur du secteur à Douala. Mais les affaires réservent parfois des surprises de taille. Qui est donc ce Minkama Capital qui surgit de nulle part ?
Minkama Capital rafle la mise avec BGFIBank
Selon les informations du journaliste économique Albin Njilo, un accord a bel et bien été conclu entre Tiger Brands et Minkama Capital. Ce fonds d’investissement, dont le nom fait référence à une localité de la Lékié dans la région du Centre, vient de décrocher un prêt syndiqué colossal de 46,676 milliards FCFA auprès de BGFIBank.
Un montant légèrement inférieur à l’offre initiale de Tawamba, mais visiblement suffisant pour convaincre le géant sud-africain de céder ses parts. Tiger Brands, qui se désengage progressivement de plusieurs entreprises africaines depuis le début de l’année 2025, cherchait manifestement à boucler rapidement cette transaction.
Ce n’est pas du jeu ! Le monde des affaires camerounais n’avait pas vu venir ce coup. Minkama Capital, discret jusqu’alors, s’impose comme un acteur à surveiller de près dans le paysage économique national.
Tawamba ne baisse pas les bras : chocolat made in Cameroun en vue
Loin de se décourager, Célestin Tawamba ne compte pas rester les bras croisés face à cet échec. Le patron du groupe Cadyst annonce déjà un projet d’envergure similaire : la transformation du cacao camerounais en chocolat de grande consommation.
Une stratégie audacieuse qui fait sens. Le Cameroun, troisième producteur mondial de cacao, exporte l’essentiel de ses fèves brutes sans valeur ajoutée. Tawamba entend renverser cette logique en développant une industrie locale de transformation compétitive.
Son ambition ? Conquérir les marchés du Nigeria, d’Afrique australe et d’Afrique de l’Est avec du chocolat estampillé « Made in Cameroun ». « On n’a plus besoin d’importer ce qu’on peut produire nous-mêmes. Le potentiel est énorme », explique Albin Njilo, qui suit de près ce dossier.
Cette initiative s’inscrit parfaitement dans la dynamique de transformation locale des matières premières africaines, portée par l’Union africaine et les différentes communautés économiques régionales. Le marché continental du chocolat représente plusieurs milliards de dollars, largement dominé par les multinationales européennes et américaines.
Une bataille économique qui commence à peine
Le rachat surprise de Chococam par Minkama Capital et le projet concurrent de Tawamba dessinent les contours d’une bataille économique passionnante dans le secteur du chocolat camerounais. Les consommateurs, eux, ne peuvent que se réjouir d’une concurrence accrue qui devrait stimuler l’innovation et maintenir des prix compétitifs.
Du côté de Minkama Capital, les observateurs attendent maintenant de voir quelles seront les orientations stratégiques du nouveau propriétaire de Chococam. Modernisation de l’outil industriel ? Extension de la gamme de produits ? Conquête de nouveaux marchés ?
Cette séquence confirme en tout cas la vitalité du secteur agroalimentaire camerounais et l’appétit des investisseurs pour des actifs de qualité dans un pays qui demeure un hub économique majeur en Afrique centrale.
Le chocolat camerounais saura-t-il enfin conquérir le continent africain ?



